Risques locatifs : haro sur la caution locative Visale.

Risques locatifs : haro sur la caution locative Visale.

Exit la GUL, la garantie universelle des loyers, bienvenue à la Visale, Visa pour le Logement et l'Emploi. Depuis le 1er janvier 2016, cette nouvelle caution locative doit faciliter l'accès au logement aux salariés jeunes ou en contrat précaire. A peine en place et déjà dénoncée par les agents immobiliers comme un dispositif à risque.

Qu'est-ce que Visale ?

Visale vient en remplacement de la GUL, la garantie universelle des loyers, inscrite dans la loi ALUR de Cécile Duflot, à l'époque ministre du Logement, puis avortée par Sylvia Pinel à cause d'un coût trop élevé et d'un mécanisme trop complexe. Visale (Visa pour le Logement et l'Emploi) est une solution alternative proposée depuis le 25 janvier 2016 ; elle permet aux jeunes qui entrent dans la vie professionnelle ou les salariés en contrat précaire de louer plus facilement. Ils peuvent la solliciter uniquement en ligne auprès de l'organisme Action Logement. En France, 500 000 emplois ne seraient pas pourvus à cause des difficultés de logement rencontrées par les salariés.

A noter : la GRL, la garantie des risques locatifs mise en place en mars 2010, est elle aussi abandonnée. Tout contrat GRL souscrit avant le 31 décembre 2015 sera couvert au plus tard jusqu'à fin 2017.

Les locataires éligibles à Visale

Visale s'adresse en priorité aux jeunes actifs et aux personnes en contrat précaire :
• salariés de moins de 30 ans quel que soit leur contrat de travail
• salariés de plus de 30 ans en contrat précaire (CDD, période d'essai d'un CDI, contrat aidé, contrat d'apprentissage, intérimaire)
• ménages modestes en intermédiation locative (bail souscrit et garanti par une association).

A compter de 2017, le gouvernement espère étendre Visale aux chômeurs qui déménagent pour trouver un emploi.

Les conditions pour en bénéficier
Visale est gratuite pour le locataire et financée par Action Logement. Cette caution prend en charge les loyers impayés durant les trois premières années du bail, mais ne couvre pas les dégradations locatives. Elle doit être souscrite dans les 12 mois après l'embauche pour un salarié de moins de 30 ans, et dans les trois mois pour les autres. Le loyer ne doit pas excéder 1 500€ pour un logement parisien, 1 300€ ailleurs. Visale ne peut cautionner les baux souscrits entre membres d'une même famille.
Autre condition d'accès : le taux d'effort, c'est-à-dire la part du loyer (+ les charges) dans les revenus, ne doit pas dépasser 50% ou être compris entre 30% et 50% pour les moins de 30 ans en CDI confirmé (hors période d'essai).
Visale n'est pas un cadeau offert par Action Logement : en cas d'impayés, le locataire devra rembourser toutes les sommes versées pour son compte.

Visale, une caution à risques !
GLI (garantie loyers impayés), GRL, GUL, et maintenant Visale, une vraie usine à gaz qui refroidit les propriétaires bailleurs. En France, les impayés de loyers ne représentent que 2% de la masse des loyers, une éventualité bien faible qui reste pourtant la hantise des loueurs. Le nouveau dispositif sera-t-il plus incitatif ?
Le réseau d'agences immobilières Orpi en doute. En plus d'être discriminatoire et difficile à mettre en place au regard des profils concernés, Visale est jugée dangereuse. Avec un taux d'effort de 50%, Visale comporte des risques que tout professionnel de l'immobilier estime excessifs. Lors d'une demande de location, il est d'usage de respecter un tiers de taux d'effort, un seuil supérieur pour des revenus modestes étant considéré comme difficilement tenable. Pourquoi, en effet, accepter cette limite élevée pour une location, alors que le taux d'endettement maximal autorisé lors d'une demande de crédit immobilier est fixé à 30% ? Dans une situation comme dans l'autre, le reste à vivre est la variable à prendre en compte.



Victoria Laroche

Par , le mardi 9 février 2016

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