Mutuelle santé : les Français voient mal

Les délais pour consulter un ophtalmologiste n'ont jamais été aussi longs. Selon le Syndicat national des Ophtalmologistes, il faut en moyenne 108 jours pour décrocher un rendez-vous. Le constat est alarmant et pose le problème de l'accès aux soins pour une population vieillissante. Les Français ont la vue qui baisse et cela va s'aggraver si les pouvoirs publics ne prennent pas les bonnes décisions.


Difficile de faire contrôler sa vue


L'ophtalmologie est la spécialité pour laquelle les files d'attente sont les plus longues. Il faut en moyenne 108 jours pour consulter un ophtalmologiste, un délai très long qui devient carrément indécent dans certaines zones : 200 jours dans le Finistère, entre 3 et 6 mois en Seine-et-Marne et dans l'Essonne, quand il n'est pas rare d'attendre 18 mois pour certains praticiens installés en secteur 1 ! Conséquence : la moitié des Français ont des problèmes de vision de près, c'est 7 points de plus qu'en 2013.
La cause : la pénurie de praticiens et ce n'est pas près de s'arranger comme l'explique le Syndicat national des Ophtalmologistes.

Pénurie de médecins


Alors que les besoins en soins oculaires ne cessent d'augmenter, le nombre d'ophtalmologistes régresse. Entre 1980 et 2010, le nombre d'actes est passé de 11 à 32 millions. Sur la même période, le nombre de médecins a peu évolué. Il y a aujourd'hui 5 800 praticiens, soit 1 pour 10 000 habitants. En 2025, ils ne seront plus que 4 000, pour un nombre d'actes qui va exploser (43 millions) compte tenu du vieillissement de la population et des habitudes de la vie quotidienne (heures passées devant les écrans, conduite jusqu'à un âge avancé). 
A l'horizon 2025, la moitié de la population française ne pourra être couverte pour des soins oculaires, un grave problème sanitaire quand on sait que les maladies de l'oeil dues à l'âge vont augmenter (glaucome, dégénérescence maculaire, cataracte, rétinopahie diabétique). 

Le problème des quotas


Les ophtalmologistes mettent en cause la politique des quotas sur une spécialité pourtant demandée par les étudiants en médecine. Les deux tiers des ophtalmos seront à la retraite en 2025 ; le système actuel du numerus clausus permet tout juste de remplacer un spécialiste sur deux : sur 240 praticiens seniors promis à la retraite, il y a 120 internes autorisés dans la filière ophtalmologie.



Francesco Romanello

Par , le dimanche 12 octobre 2014

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