Assurance Maladie : le déficit record.

Les records sont faits pour être battus. Celui de la Sécurité Sociale le sera en cours d'année 2010 avec un déficit abyssal de 27 milliards d'euros et un besoin de financement de 13 milliards d'euros pour la seule Assurance Maladie. Il faut remonter aux années 2003 et 2004 pour retrouver les anciens records à 11 milliards d'euros. Comment, alors que la crise économique impose un plan budgétaire drastique, peut-on encore creuser plus profond le trou de l'Assurance Maladie ? La réforme menée par l'Etat se contente-t-elle de mesures anecdotiques au regard des besoins financiers ?

Contrairement aux années 2003 et 2004 où les dépenses avaient explosé, en 2010 ce sont les recettes qui font défaut et aggravent encore plus le problème. La crise économique et la montée du chômage mettent sur les rangs d'avantage de bénéficiaires des aides de l'Etat (assurance chômage). Néanmoins, la branche maladie souffre d'une progression des dépenses de santé, en grande partie due aux ADL (30 affections longue durée, diabète, maladies cardio-vasculaires, cancer, sida,…) qui ne cessent d'augmenter : en 2009, 8 millions de patients étaient atteints d'une affection longue durée, soit 14,2% des assurés sociaux. Les dépenses de santé de ces patients sont prises en charge à 100% par l'Assurance Maladie, et entrent pour 65% des remboursements de l'Assurance Maladie. Cette dernière anticipe une hausse des patients atteints d'ADL à 12 millions à l'horizon 2015 avec une croissance des dépenses (essentiellement médicaments et hospitalisation) dont la proportion serait de 80% du total de la hausses des dépenses de santé. La réflexion d'une réforme efficace et qui permettrait de faire de réelles économies porte donc sur le traitement de ces ADL. Et ce n'est certainement pas le déremboursement de certains médicaments qui peut compenser les cruels besoins de ce côté-là.

Aujourd'hui 8,5% de la population française ne bénéficie pas de complémentaire de santé, l'accès aux soins leur est difficile et le reste à charge important quand ces personnes peuvent se soigner. Ceci constitue une injustice par rapport aux patients souffrant d'ADL dont les soins sont intégralement remboursés. Une ADL est souvent une maladie coûteuse, or il existe des pathologies lourdes et coûteuses qui ne sont pas reconnues comme ADL. Un nouveau dispositif ne prenant pas en compte le critère médical mais le niveau de dépenses engagées renforcerait la protection sociale pour le plus grand nombre, un forfait serait calculé en fonction des revenus du patient au-delà duquel ses dépenses seraient remboursées par l'Assurance Maladie (bouclier sanitaire du rapport Briet/Fragonard).

Il y a deux ans déjà un projet de réforme des ADL avait provoqué un tollé général. Aujourd'hui le débat doit être réouvert, et la participation des organismes privés que sont les complémentaires et mutuelles semble indispensable. Même si Madame Bachelot annonce que les mesures d'économie ne toucheront pas le pouvoir d'achat des assurés, on est en droit d'en douter en constatant que le budget santé des ménages a augmenté de 50% en 8 ans.



Partager cet article :