Santé : le tiers payant généralisé, la fausse bonne idée !

Santé : le tiers payant généralisé, la fausse bonne idée !

Il y a quelques semaines, la ministre de la Santé Marisol Touraine annonçait la généralisation du tiers payant pour les consultations d'ici janvier 2017.

 

Présentée comme une avancée pour les plus démunis, la mesure est loin de faire l'unanimité. Les médecins sont les premiers à dénoncer la généralisation d'une facilité qui aurait pour effet pervers de déresponsabiliser les patients. Ce qui est apparemment gratuit n'est pas sans coût pour la collectivité !

La nouvelle loi de santé présentée le 19 juin dernier prévoit la généralisation du tiers payant à tous les assurés d'ici 2017. Le premier argument qui défend cette mesure est l'amélioration de l'accès aux soins. Or, pour beaucoup, la gratuité des soins ne signifie ni un meilleur accès ni l'amélioration de la santé. Les premiers à dénoncer cette mesure d'annonce électoraliste sont les médecins généralistes.

Le tiers payant repose sur une logique de solidarité, à savoir accorder une facilité de trésorerie aux personnes qui disposent de faibles revenus et ne peuvent se permettre de faire l'avance de frais. Pour cette raison, le tiers payant est ouvert aux bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle), de la CMU-C (CMU complémentaire), de l'ACS (aide à la complémentaire santé), de l'AME (aide médicale de l'Etat pour les étrangers), ainsi qu'aux cas particuliers (accidents du travail ou maladie professionnelle, actes de prévention dans le cadre d'un dépistage, hospitalisation dans un établissement conventionné, patients souffrant d'ADL).

L'objectif affiché de la réforme est de faciliter l'accès aux soins, elle cible donc les personnes aux revenus modestes, celles déjà concernées par les aides pré-citées. En devenant un droit accessible à tous, le tiers payant perd toute sa pertinence en dévalorisant l'acte médical qui devient dès lors gratuit et donne à la carte Vitale le rôle d'une carte de paiement.

 
Ce caractère déresponsabilisant du tiers payant généralisé est mis en exergue par les médecins généralistes, le risque étant la surconsommation d'actes médicaux. Ils lui reprochent également d'alourdir leur charge administrative : la gestion des remboursements (ce qui inclut les défauts de paiement) sera confiée aux médecins qui devront faire le lien avec les quelque 400 mutuelles du marché.

Pour peu qu'ils n'aient pas de secrétariat, et bon nombre d'entre eux n'en disposent pas, ce travail chronophage se fera au détriment de leur mission première, soigner les patients. Plutôt que faciliter l'accès aux soins, le tiers payant généralisé va tuer dans l'oeuf les vocations à l'heure où la limitation de l'accès aux soins n'est pas une question de moyens financiers, mais de files d'attente.



Francesco Romanello

Par , le mercredi 6 août 2014

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