Assurance auto : plus chère en 2013.

Francesco Romanello,

En dépit d'un recul du nombre d'accidents de la route, les primes des assurance auto ne baissent pas en 2013. Un paradoxe que les assureurs n'ont aucun mal à expliquer : le coût croissant des réparations et l'indemnisation des victimes d'accidents graves, et, nouveauté pour l'année 2013, l'égalisation des tarifs entre hommes et femmes. L'assurance auto est aussi une voie que les assureurs pourraient décider d'emprunter pour compenser les médiocres résultats de l'assurance vie en 2012.

Selon les statistiques de la Sécurité routière, le nombre d'accidents de la route a diminué en 2012. 3 645 personnes ont perdu la vie sur les routes en 2012 contre 3 963 en 2011, soit 318 vies épargnées. La mortalité diminue ainsi de 8% sur un an tous types d'accidents confondus (-8,6% pour les automobilistes, -13,5% pour les usagers de deux-roues). Le nombre de blessés baisse également (-6,9%). S'ils demandent toujours à être améliorés, ces chiffres marquent le retour d'une dynamique positive dans la lutte contre l'insécurité routière. Les données de janvier sont sur la même ligne : -9% d'accidents mortels et -12% de blessés.
Pourtant cela n'oriente pas le prix des assurances auto à la baisse. L'indice des prix des assurances de particuliers note une hausse de 2,1% des primes d'assurance auto sur les 12 derniers mois. La baisse du nombre d'accidents influe moins sur le niveau des prix que les coûts supportés par les assureurs. Ces derniers mettent en avant deux arguments pour justifier la hausse des primes : l'augmentation continuelle des coûts de réparations depuis l'informatisation des véhicules et le poids des indemnisations des victimes d'accidents corporels. Les systèmes de sécurité toujours plus performants ont un effet boomerang : il y a moins d'accidents mais ils sont plus graves, entraînant des dommages corporels importants qui nécessitent des soins plus longs et plus lourds. Les dommages corporels induisent pour les assureurs une hausse moyenne des coûts structurels de 5% par an.
En cause également les modifications légales. Jusqu'à fin 2012, la prise en charge de la revalorisation des rentes versées aux victimes d'accidents de la route incombait au Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO). La principale mission du FGAO est d'indemniser les victimes d'accidents dont les responsables ne sont pas assurés ou non identifiés. En 2011, la revalorisation des rentes, indexée sur l'inflation, avait coûté 36 millions d'euros au FGAO, charge qu'il devait provisionner chaque année pour la reverser aux assureurs. Dans la moitié des cas, l'indemnisation se fait sous forme de rentes, qui peuvent être servies sur des durées très longues quand l'accident implique des jeunes. Ce transfert de charge vers les assureurs est irrémédiablement répercuté sur les tarifs de l'assurance auto.
Autre impact sur les primes auto, le nivellement des tarifs entre hommes et femmes, mesure rendue obligatoire depuis décembre 2012 par une directive européenne. Ce sont les jeunes conductrices qui devraient payer le prix fort la fin de la discrimination hommes-femmes en matière d'assurance auto (+11% selon une étude). In fine le principe des vases communicants. Pour compenser le manque à gagner en assurance vie (collecte négative de -3,4 Md€ en 2012), les assureurs pourraient facilement augmenter les primes d'une assurance auto dont chacun sait qu'elle est obligatoire.