Assurance vie : 2012, une année hors norme.

Audrey Benzaquen,

Les chiffres de l'assurance vie pour l'année 2012 sont historiques... d'un point de vue malheureusement négatif. Depuis sa création, c'est la première fois que le produit financier préféré des Français affiche une décollette nette : les prestations versées ont été supérieures aux cotisations. Ce millésime dans le rouge pointe le changement de comportement des épargnants.

Décollecte mais encours global en hausse
La décollette pour l'année 2012 atteint 3,4 milliards d'euros selon le bilan de la FFSA (fédération française des sociétés d'assurances). L'encours global est néanmoins en hausse de 3% avec 41 Md€ supplémentaires (1 391 Md€). Le rendement moyen des fonds en euros s'avère plutôt une bonne surprise, en étant finalement en très léger retrait par rapport à 2011 : 2,9% contre 3%. Les unités de compte offrent une belle performance avec une rémunération moyenne de 12,5%.

Epargne à court terme privilégiée
Le bilan de la FFSA fait état d'un changement de comportement de la part des épargnants français. L'effort a été moindre sur l'épargne de long terme. L'assurance vie qui enregistrait une collecte nette de 53,9 milliards d'€ en 2007 avait déjà réduit la voilure en 2011 avec une collecte tombée à 7,7 milliards d'€. Déjà en 2011 le livret A constituait une concurrence sérieuse pour l'assurance vie avec une collecte record de 17,5 milliards d'€. Le mouvement s'est accentué en 2012 avec une collecte historique de 49,2 milliards d'€ pour le livret réglementé. 2012 est la deuxième année où le Livret A fait mieux que l'assurance vie. La recherche de liquidités et de souplesse de la part des épargnants, le repli constant du rendement moyen de l'assurance vie depuis 2006 et le rehaussement du plafond du Livret A et du LDD ont accentué le mouvement de décollette subi par l'assurance vie. Cette dernière représente toujours plus de la moitié de l'épargne longue : 54% contre 38% pour les autres produits d'épargne (actions, obligations, épargne salariale) et 8% pour les PEL et Pep bancaires.

Financeur de l'économie française
Pourtant le poids des assureurs dans le financement de long terme de l'économie française s'est précisé en 2012. Pour la première fois, les placements des assureurs dans les entreprises dépassent 1 000 milliards d'€, soit 56% des actifs des compagnies. De 50% en 2003, les actifs d'entreprises montent à 56% en 2012, répartis à 38% en obligations d'entreprises, 16% en actions et 2% en immobilier d'entreprise. C'est la part des obligations d'entreprises qui a le plus augmenté, passant de 27% en 2007 à 38% l'an passé. La part des actions a perdu du terrain depuis 2008 consécutivement aux crises des marchés : elle représentait 25% en 2007.


Pour préserver son rôle dans le financement de l'économie, les assureurs n'hésitent pas à rappeler aux pouvoirs publics qu'une stabilité de la fiscalité de l'assurance vie doublée d'un encouragement en faveur de l'épargne longue est indispensable à sa propre survie.