Assurance vie : hausse ou baisse des rendements en 2012 ?

Audrey Benzaquen,

La hausse attendue des taux de rendement des contrats d'assurance vie en euros ne sera sans doute pas au rendez-vous en 2012. En cause les obligations d'Etat au taux trop faible pour booster les performances de l'assurance vie. A vouloir écarter le risque les assureurs et bancassureurs font de l'assurance vie en euros un placement aussi peu rentable que le Livret A, sans compter que la stratégie d'annoncer des taux en baisse rend le produit encore moins attractif. Attitude dangereuse au regard du climat morose qui entoure l'assurance vie.

Les professionnels de l'assurance vie anticipent un recul des taux de rendements de leurs contrats. La moyenne de 3% établie en 2011 pourrait se contracter cette année en dépit des pronostics qui prévalaient en début d'année. Les contrats en euros sont composés en grande partie d'obligations d'Etat (environ 70%). La crise de la zone euro a contraint les assureurs à se recentrer sur les obligations où le risque est limité, obligations françaises et allemandes principalement, et oublier les obligations toxiques à taux élevé des pays en grandes difficultés (Espagne, Italie). L'OAT 10 ans a atteint son plus bas niveau dernièrement, autour de 2,10% soit un point de moins qu'en fin 2011. Un contexte peu favorable à l'assurance vie dont le rendement en 2012 pourrait descendre au niveau du Livret A (autour de 2,25% après prélèvements sociaux). Même s'il semble prématuré d'annoncer le taux définitif pour l'année 2012, les acteurs du marché s'accordent à dire que le taux moyen sera inférieur à celui de l'an passé.

Signe du malaise ambiant, les assureurs communiquent beaucoup moins sur les taux garantis. Utilisée pour attirer le chaland, la formule du taux garanti est en totale contradiction avec l'objectif de l'épargne longue et a régulièrement été dénoncée par les associations d'épargnants comme l'Afer. Elle s'avère désormais hasardeuse étant donnés le manque de visibilité et le blocage induit par la réforme des taux garantis en place depuis août 2010. En plus d'imposer un calcul plus rigoureux des taux (plafonnés sur les marchés obligataires), cette mesure permet un meilleur encadrement des taux garantis en obligeant les compagnies à maintenir le taux promis sur une durée au moins égale à 6 mois. Elle rétablit en outre l'équité entre assurés en contraignant l'assureur à puiser dans ses fonds propres plutôt qu'utiliser les résultats de la collectivité pour servir les taux majorés des nouveaux souscripteurs au détriment des anciens contrats. Seul Generali (et ING Direct qui commercialise le même contrat) propose un taux garanti jusqu'à fin 2013, à 3,375% soit 0,35% inférieur au taux servi en 2011.

L'alternative pour contenir l'hémorragie consiste à puiser dans la réserve. La PPE, provision pour participation aux excédents, est une sorte de tirelire dans laquelle l'assureur met de côté une partie des bénéfices des bonnes années, pécule qu'il peut décider ou non de redistribuer aux assurés. Offrant une grande souplesse aux assureurs, ce matelas de protection est une variable d'ajustement des taux de rendement, car elle permet de lisser dans le temps les taux servis au titre des contrats en euros. La PPE appartient à la communauté des assurés, les assureurs ont obligation légale de la redistribuer dans les 8 ans. Les assureurs devraient tout logiquement y avoir recours en 2012 pour maintenir le niveau de 2011 voire l'améliorer très légèrement.