Assurance vie : redynamiser le produit d'épargne.

Francesco Romanello,

Les mois se suivent et se ressemblent. L'assurance vie poursuit son lent déclin, entamé à la fin de l'été 2011. De décollette en décollette, les assurés affirment leur défiance vis-à-vis du produit phare de l'épargne nationale. L'encours global continue néanmoins de croître. Le manque de clarification de la part du gouvernement concernant la fiscalité de l'assurance vie influe fortement sur le comportement d'épargne des assurés. Ce n'est pas l'unique raison de ce désamour. Pour trouver un second souffle, les assureurs tentent d'innover en trouvant des alternatives aux fonds en euros classiques devenus peu rentables.

En septembre 2012, l'assurance vie aura perdu 100 millions d'€, une glissade qui s'adoucit mais qui ne s'inverse pas depuis de longs mois. Les retraits sont supérieurs aux versements et placent le produit en situation de décollecte depuis un an : sur 12 mois la décollecte affiche 13,4 milliards d'€ dont 5,2 milliards depuis janvier 2012. L'assurance vie demeure malgré tout le premier produit de placement des Français avec 1 375 milliards d'€ d'encours (6 fois plus que le Livret A).

Les raisons de ces mauvaises performances sont connues : capacité d'épargne qui s'amenuise, recherche de liquidités grâce aux produits où l'épargne est directement mobilisable, érosion des rendements, arrivée à l'âge de la retraite des baby-boomers qui puisent dans leurs contrats, tâtonnement du gouvernement quant à la fiscalité. L'assurance vie s'en sort finalement plutôt bien, puisque le gouvernement a décidé de ne rien changer, à l'inverse des autres produits patrimoniaux. Statu quo sans doute précaire, car la volonté de favoriser l'épargne longue en conditionnant notamment l'avantage fiscal à la durée des dépôts et non plus à la durée du contrat prendra forme un jour ou l'autre.

Le récent doublement du plafond du Livret A (du du LDD) ajoute au problème. Les assureurs craignent des transferts d'épargne de l'assurance vie vers le Livret A. Surtout qu'avec un rendement net d'impôts de 2,25% le fameux livret est un concurrent sérieux pour l'assurance vie dont les performances ne cessent de se contracter depuis 4 ans. Le rendement moyen pour 2012 est attendu autour de 3% (hors prélèvements sociaux et fiscaux).

Pour endiguer le mal, les assureurs proposent d'autres options en intégrant plus d'unités de compte dans leurs contrats. A côté de la sécurité des fonds en euros classiques, au capital garanti mais aux résultats plutôt mous, une prise de risque est nécessaire pour permettre à terme de booster le rendement. Aucun produit aujourd'hui n'affiche de rendement supérieur au fonds en euros sans un minimum de prise de risque. On pense aux contrats en euros diversifiés, encore peu répandus, qui contiennent une partie de l'investissement en unités de compte (actions). Le capital est garanti seulement au terme du contrat, dont l'échéance est déterminée par l'assuré. Cette durée de détention permet d'obtenir à terme des performances supérieures aux simples contrats en euros. Moins risqués, les contrats en euros comportant une partie investie en immobilier (immobilier direct ou pierre-papier) : le rendement minimum garanti est faible (2% pour Netissima de Generali), mais on peut espérer des performances supérieures aux contrats classiques.

Autre alternative avec les fonds dynamiques. Une partie majoritaire est investie sur des supports en euros traditionnels, une autre (entre 20% et 30%) sur des actifs boursiers. Plus que tout autre contrat, ce produit correspond à une logique d'épargne de long terme si l'on veut profiter du potentiel de la Bourse ; il s'adresse à des épargnants qui peuvent prendre des risques : le rendement de la partie en euros (gestion coussin) peut ne pas suffire à compenser les pertes de la poche de dynamisation si la Bourse décroche.