L'extension de l'assurance santé obligatoire à tous les salariés du privé d'ici à 2016 aura une incidence sur la structure même les organismes complémentaires. Pour concurrencer les institutions spécialisées dans l'assurance santé collective, les organismes de taille moyenne ou petite jusque là orientés sur l'individuel n'ont d'autre choix que se regrouper. Se crée progressivement une division du marché réduite à quelques gros opérateurs.
Depuis quelques années, on assiste au rapprochement forcé des mutuelles entre elles. Pour résister à la concurrence des grands groupes, les petits organismes ont pour seule alternative le regroupement. Celles qui ne le font pas risquent à terme de disparaître. Le nombre de mutuelles est passé de 849 en 2006 à 559 en 2011, un écrémage de 300 structures du fait de leur disparition ou de leur fusion entre elles. Parmi 500 mutuelles qui restent aujourd'hui, la plupart sont de petite taille. Elles sont moins de 200 à déclarer un chiffre d'affaires supérieur à 10 millions d'euros.
Pour répondre aux enjeux du marché, notamment en matière de réglementation toujours plus complexe, mais également en terme de charges qu'elles doivent supporter, les petites mutuelles doivent adopter la stratégie du rapprochement. La généralisation de la complémentaire santé obligatoire pour tous les salariés du privé à compter du 1er janvier 2016 devrait servir de détonateur à un mouvement de regroupement. Certaines mutuelles ont d'ores et déjà décidé de fusionner pour éviter que le marché ne leur échappe et ne devienne le monopole des grandes institutions de prévoyance majoritaires sur le segment du collectif. Le groupe mutualiste Covéa (GMF, MAAF, MMA) devrait prochainement s'adjoindre les compétences de la mutuelle SMI (Société Mutualiste Interprofessionnelle) qui assure déjà plus de 9 000 entreprises pour 810 000 bénéficiaires. Autre rapprochement majeur entre le groupe Agrume (30 mutuelles d'entreprises) et Union Harmonie Mutuelles, déjà issue de la fusion de plusieurs mutuelles en 2004 (35 200 entreprises adhérentes et près de 5 millions de personnes protégées).
La taille devient un élément fondamental dans la mise en place d'une synergie efficace permettant de rester concurrentiel dans un marché évolutif, en proie à des contraintes liées à la généralisation de la complémentaire santé. Pour répondre aux appels d'offres des branches professionnelles, les mutuelles doivent satisfaire à des critères de solvabilité que seule la taille peut garantir. Le rapprochement des mutuelles entre elles est l'unique voie pour conserver le modèle mutualiste, élargir l'offre au plus grand nombre et répondre efficacement aux mutations et incertitudes du marché.