Avec le désengagement progressif de la Sécurité Sociale dans le remboursement des dépenses de santé, la part restant à la charge des assurés et des complémentaires santé augmente automatiquement. Le déficit abyssal de la Sécurité Sociale impose à l'Etat de se lancer dans les mesures d'économie drastiques et vient modifier la structure même du financement des dépenses de santé. Le gouvernement engage donc les organismes complémentaires à plus de participation dans notre système de protection sociale qui glisse peu à peu du public vers le privé. Une implication qui se traduit inexorablement par une hausse des tarifs de cotisations.
Les dépenses de santé augmentent annuellement de 3%, une vitesse de croisière acceptée par les pouvoirs publics et qui doit être contenue par des mesures d'économie radicales. L'allongement de la durée de vie, qui induit une part croissante des dépenses liées à la dépendance, ainsi que l'augmentation des maladies de longue durée (ADL) viennent creuser plus encore chaque année le trou de l'Assurance Maladie. L'Etat se retrouve dans l'impasse de devoir maintenir un système de protection sociale égalitaire et de diminuer des dépenses exponentielles qui conduisent à la faillite de ce même système. Déremboursement de nombreux médicaments, forfait hospitalier, franchises médicales, toutes les mesures mises en place pour réduire le déficit viennent augmenter le coût de l'accès aux soins pour les assurés.
La part du financement des dépenses de santé par l'Assurance Maladie diminue d'année en année ; de 1995 à 2008, elle est passée de 77,1% à 75,5%. Par induction, la part restante augmente pour les assurés et les organismes complémentaires : le reste à charge pour un ménage est passé de 8,3% en 2004 à 9,4% en 2008, et la part financée par les mutuelles de 13,2% à 13,7%. L'effort demandé aux assurés ne cessera de croître et la nécessité de souscrire une complémentaire santé forcément plus affirmée. Si 94% des assurés disposent d'une mutuelle, il reste 5 millions de Français exclus du système complémentaire.
En devenant désormais déterminant, le rôle des assurances santé, mutuelles et complémentaires implique une hausse des cotisations qui grimpent de 5% en moyenne en 2010. Les organismes complémentaires n'acceptent pas de devoir compenser à 100% le désengagement de l'Assurance Maladie, comme c'est le cas avec les médicaments déremboursés ou les franchises médicales. Les dépassements d'honoraires, malgré l'objectif du gouvernement de mieux les encadrer, continuent de favoriser une médecine à deux vitesse.
Un retour à l'équilibre des comptes pour notre système de santé est peu probable, et un partage des rôles entre public et privé semble irrémédiable. Cela aura le mérite de renforcer la concurrence entre les organismes complémentaires, obligés de multiplier les offres pour répondre et s'adapter à une demande plus disparate.