Assurance de prêt : la délégation peine à se faire connaître.

Un des décrets de la loi Lagarde a pour objectif de faciliter la délégation d'assurance de prêt pour les emprunteurs qui souhaitent financer un projet immobilier. Depuis septembre 2010, les emprunteurs ont en effet la possibilité de choisir librement leur assurance de prêt, dès lors que celle-ci présente au minimum les mêmes garanties que le contrat de la banque. Cette amélioration du droit du consommateur permet une meilleure adéquation de l'assurance au profil de l'emprunteur avec la perspective finale de réaliser quelques économies sur le coût global du prêt. Une récente étude IFOP demandée par la Macif révèle qu'une grande majorité des emprunteurs ignore l'existence d'une loi leur permettant de souscrire l'assurance de prêt en dehors de la banque. Une lacune entretenue en grande partie par les banques elles-mêmes.

L'étude confirme la méconnaissance de la délégation d'assurance chez la plupart des emprunteurs et des propriétaires : ils seraient plus de 60% à ignorer la possibilité de choisir librement leur assurance de prêt et de souscrire un contrat autre que celui proposé par la banque prêteuse. Les banques ont depuis toujours tenté de lier l'octroi d'un crédit immobilier à la souscription du contrat groupe, et même si la loi condamne la vente liée, la persuasion des banques est suffisante pour stopper les velléités de l'emprunteur d'aller voir auprès de la concurrence.

La loi Lagarde de septembre 2010 doit permettre à tout emprunteur de trouver l'assurance idéale correspondant à son profil. Les banques sont tenues de faire passer l'information sur la possibilité de choisir un contrat d'assurance différent du contrat groupe qui mutualise les risques et s'applique à tout profil d'emprunteur. Les jeunes actifs sont souvent les premiers pénalisés par la proposition d'assurance de la banque. En s'adressant à toutes les catégories d'emprunteurs, le contrat de la banque se révèle souvent plus cher et moins bien adapté qu'un contrat auprès d'un organisme concurrent. En faisant jouer la concurrence, un jeune emprunteur non fumeur peut économiser jusqu'à 60% sur le coût de son assurance. Aujourd'hui, 50% des personnes (propriétaires ou non-propriétaires) ayant l'intention d'acheter ne comparent pas les offres d'assurance, et 47% des propriétaires ignorent même le montant de leur assurance de prêt dans le coût global de leur emprunt. La notion de résiliation est encore plus méconnue, puisque seulement 33% des propriétaires savent qu'ils peuvent résilier leur contrat et en souscrire un autre en cours de crédit. Selon la Macif, le défaut d'information entretenu par les banques serait à l'origine de ce constat. La dichotomie entre ceux qui disposent du savoir (les banques) et ceux qu'on laisse dans l'ignorance (les consommateurs) trouve une fois de plus son expression malgré le cadre légal.