Dépendance : on ressort le sujet.

Rangée au fond des tiroirs après avoir été une promesse de campagne en 2007, la dépendance refait surface à la faveur d'un nouvel exécutif. Le calendrier s'y prête, puisqu'hier, lundi de Pentecôte, les salariés étaient conviés à travailler bénévolement, un effort destiné à aider au financement de l'hébergement des personnes âgées. Depuis 2004, cette journée de solidarité permet d'engranger 2,3 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat, pécule vite détourné de son objectif pour combler modestement le déficit de la Sécu. Le problème du financement de la dépendance est un sujet crucial que les politiques auraient tort de négliger. La crise actuelle a dressé d'autres priorités, mais ce serait minimiser l'effet boomerang de ce sujet sociétal en le remisant maintes fois aux calendes grecques.

La dépendance coûte aujourd'hui 24 milliards d'euros à la collectivité, dont 5 milliards représentés par l'APA, l'allocation personnalisé d'autonomie prise en charge par les départements. S'ajoutent quelque 10 milliards directement assumés par les familles. Les chiffres sont amenés à augmenter par le simple fait de l'allongement de la durée de vie et de l'amélioration des techniques et des soins médicaux. En 2010, la France comptait un peu plus d'un million de personnes dépendantes, elles seront 400 000 de plus à l'horizon 2030. Cela implique une augmentation structurelle des coûts d'environ 2,2 milliards par an. En dépit d'un contexte économique qui dictait d'autres priorités, un grand débat national avait été mené en 2011. Cette réflexion émit 2 pistes principales en dehors du financement public : une assurance dépendance privée obligatoire à partir de 50 ans, et une contribution demandée aux familles de personnes dépendantes via les successions. La réforme avait finalement été abandonnée compte tenu de la crise mondiale.

A la faveur de cette dernière campagne électorale, la dépendance a été discrètement évoquée par le candidat Hollande. Le nouveau président promet une réforme de son financement et reprend une idée évoquée par son prédécesseur, à savoir la création d'une cinquième branche de la Sécurité Sociale. Il écarte la solution d'une assurance privée pour privilégier une contribution obligatoire. Celle-ci prendrait la forme d'une hausse des cotisations ou/et une augmentation de la CSG. La CSG des retraités (6,6%) pourrait ainsi être alignée sur celle des actifs (7,5%). Pas suffisant pour créer une cinquième branche, ce qui implique une hausse des autres cotisations, patronales ou salariales. Avant cela, il faudra relever les cotisations pour financer le retour à la retraite à 60 ans des salariés qui ont cotisé 41 annuités. Autre promesse de campagne, celle-ci est incontournable.



Audrey Benzaquen

Par , le mardi 29 mai 2012

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