Assurance dépendance : répondre aux besoins de la société.

La dépendance est un risque que l'on a tous en tête mais qu'on préfère occulter. Une étude menée par la Fondation Médéric Alzheimer nous éclaire sur la perception des Français et leurs intentions vis-à-vis du risque dépendance. Elle révèle notamment que le décalage temporel entre le moment où l'on s'assure contre la perte d'autonomie et le moment où survient le risque est un frein à la souscription. Les données de cette enquête doivent offrir des pistes pour évaluer les stratégies assurantielles et patrimoniales nécessaires au financement individuel de la dépendance.

La dépendance, un sujet qui dérange
Qui peut affirmer qu'il ne sera jamais touché par les problèmes liés à la perte d'autonomie ? Personne. Pourtant, il semble difficile pour les Français de s'imaginer un jour dépendants et donc d'envisager la situation concrètement. Soit pour eux, le risque n'existe tout simplement pas, soit ils en sont conscients mais préfèrent l'occulter. A cause de cet aveuglement ou de cette posture de déni, le risque dépendance est peu appréhendé par les Français.
D'après l'étude Pated menée par la Fondation Médéric Alzheimer en collaboration avec TNS-Sofres, 40% des personnes de plus de 45 ans n'envisagent pas le risque dépendance pour une raison principale, l'éloignement temporel de la survenance du risque. 15% refusent d'y penser et 65% n'ont à ce jour prix aucune disposition pour se prémunir du risque.
On constate toutefois des variations au niveau de la prise en compte du risque. Les personnes qui ne souhaitent pas faire peser financièrement ce risque sur leurs proches (altruisme familial), mais aussi celles qui côtoient des personnes dépendantes, sont largement plus sensibles à la question : elles sont 64% à envisager être dépendantes un jour. Et dans l'hypothèse où tous les Français seraient conscients du risque, une très faible proportion serait prête à s'assurer (15%).

Peu d'assurés contre le risque dépendance
La collectivité publique couvre aujourd'hui une part importante des dépenses liées à la dépendance (soins, hébergement et équipement). L'Etat consacre environ 24 milliards d'euros pour aider financièrement les personnes dépendantes, 10 milliards restent à la charge des familles. La FFSA (fédération française des sociétés d'assurance) estime à 5,5 millions les personnes détenant une couverture dépendance, le plus souvent par le biais des garanties de leur complémentaire santé. En réalité seuls 2 millions seraient couverts à long terme contre le risque de perte d'autonomie.

Comment dès lors palier à ce très faible niveau de souscription? Pour développer le marché des assurances dépendance individuelles, il faudrait modifier en profondeur les produits proposés, et faire évoluer le contexte institutionnel en améliorant notamment la fiscalité des produits d'épargne et d'assurance.



Audrey Benzaquen

Par , le lundi 7 avril 2014

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