Assurance dépendance : une protection aléatoire.

L'assurance dépendance ne fait pas recette en France. 1,5 millions de personnes seraient couvertes par un contrat individuel pour garantir la perte d'autonomie. C'est peu au regard du risque qui s'affirme avec le vieillissement de la population. Les aides de l'Etat étant modiques, les assurés ne disposant d'aucun patrimoine n'ont d'autre alternative que de souscrire une assurance dépendance. Le marché est peu développé ; de nombreuses compagnies (assurances, mutuelles et instituts de prévoyance) ont choisi de ne pas s'attaquer au problème de la perte d'autonomie. De nature aléatoire, le risque de la dépendance est complexe à prendre en charge et pour les assurés les fonds sont perdus en cas de décès sans dépendance.

Le coût de la dépendance
On ne le répétera jamais assez, la dépendance coûte cher. Cher à la communauté, cher aux dépendants et à leur famille. Une personne dépendante à domicile dépense en moyenne de 1 800€ par mois pour couvrir ses besoins, en institut spécialisé, la facture va au-delà de 2 500€ mensuels. En fonction des ressources du demandeur et de son niveau de dépendance (grille AGGIR), l'Etat contribue par l'APA, l'allocation personnalisée d'autonomie. Les règles de calcul sont différentes pour les personnes résidant à domicile ou en établissement. Cette contribution est partielle, loin de suffire au regard des coûts réels de la dépendance (montant moyen 450€/mois). Un retraité homme touche en moyenne 1 500€/mois, une femme 1 100€. La moitié des retraités français touchent une pension inférieure à 1 000€/mois. En cas de perte d'autonomie, la part à la charge de la personne dépendante et de sa famille reste importante. A moins d'envisager l'assurance comme complément.

Cotiser le plus tôt possible
La règle de base pour s'assurer efficacement contre la perte d'autonomie est de cotiser le plus tôt possible. On estime que 50 ans est le seuil idéal pour étaler le coût sur la durée. En cotisant plus tard, les frais seront les mêmes, concentrés sur une période plus courte. S'assurer contre la perte d'autonomie est généralement impossible au-delà de 70 ans. Le départ de la retraite est souvent le moment de prendre des décisions pour assurer ses vieux jours : la visibilité financière est plus claire et les besoins plus faciles à estimer. En fonction du budget qu'elle est capable de consacrer pour financer une dépendance lourde, augmenté des aides de l'Etat, la personne peut anticiper le montant de la rente que peut lui verser son assurance pour compenser le déficit mensuel. La cotisation n'est pas fixe, elle peut être revalorisée chaque année selon les termes du contrat. En cas d'arrêt des cotisations, la garantie est réduite au prorata des sommes déjà versées. Certains contrats annulent les droits.

Dépendance totale ou partielle
Mieux vaut s'assurer pour une dépendance partielle ou totale. Si la garantie couvre uniquement la dépendance totale, aucune aide n'est versée en cas de dépendance partielle. Si le contrat couvre tous les cas de dépendance, en cas de dépendance partielle, l'assuré reçoit une rente équivalente à 50% de celle qu'il aurait touchée en perte totale d'autonomie.

Application de la garantie
Le délai de carence est généralement d'un an. La prise en charge du risque n'est donc effective qu'après 12 mois de cotisation. En cas de dépendance avérée (constatation de l'état de dépendance par le médecin-conseil de l'assurance), une rente est versée après un délai de franchise de 3 mois. Ce délai qu'on peut juger trop long permet aux assureurs d'écarter les personnes en fin de vie. Durant ce laps de temps, l'assuré doit fournir toutes les pièces justificatives. Certains assureurs n'hésitent pas à reculer ce délai tant que tous les documents ne sont pas réunis.

Le rôle des aidants
Les premiers contrats d'assurance dépendance étaient centrés sur la personne dépendante. Aujourd'hui les compagnies prennent en compte les aidants, c'est-à-dire les proches en charge physiquement de la personne dépendante. Les aides varient d'un contrat à l'autre. Certains se contentent d'un soutien virtuel par le biais d'un forum pour la communauté des aidants, d'autres sont plus protecteurs en prévoyant une assistance et des services. Une initiative novatrice dans le marché de l'assurance dépendance, le groupe Prévoir lancera le 1er mars prochain un contrat spécifiquement dédié aux aidants, leur apportant un accompagnement et un soutien concret en cas de défaillance.



Francesco Romanello

Par , le mardi 26 février 2013

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