De plus en plus de salariés souscrivent une surcomplémentaire pour compléter les prestations de leur mutuelle collective

De plus en plus de salariés souscrivent une surcomplémentaire pour compléter les prestations de leur mutuelle collective

Les surcomplémentaires gagnent du terrain. Mécontents d'un niveau de garantie insuffisant, bon nombre de salariés souscrivent une troisième couverture pour renforcer leur protection et celle de leurs proches. Voilà un des enseignements de la généralisation de la complémentaire santé en entreprise que l'on peut tirer de la dernière étude du Crédoc.

Généralisation de la complémentaire santé : peut mieux faire !

Depuis janvier 2016, toutes les entreprises quelle que soit leur taille doivent proposer à leurs salariés une couverture santé complémentaire qu'elles financent au moins pour moitié. Avant l'entrée en vigueur de cette obligation, 6% des salariés ne bénéficiaient pas de mutuelle, aujourd'hui ils sont 5%. Ces chiffres sont révélés par le 12ème baromètre de la prévoyance Crédoc-CTIP, publié le 12 décembre dernier.

Si le taux d'équipement est quasi stable, la répartition a évolué et témoigne du fort impact de l'obligation de généralisation de la complémentaire santé. En 2013, 60% des salariés étaient couverts par le contrat collectif de leur entreprise, 69% en 2017. En 2013, on comptait 25% des salariés couverts par un contrat individuel et 9% d'ayants droit, contre 13% pour chaque groupe aujourd'hui.

L'étude observe qu'en dépit de l'obligation 7% des entreprises n'ont toujours mis en place de mutuelle collective, principalement les petites structures (moins de 10 salariés). Les raisons avancées sont :

  • le manque de temps (38%)
  • le coût trop important (29%)
  • la compléxité des démarches (21%).

Les salariés sont majoritairement satisfaits de la mise en place d'une couverture santé collective ou de la modification du contrat collectif pour respecter la législation. 52% estiment payer leur complémentaire santé au juste prix. Ceux qui se disent insatisfaits invoquent le caractère obligatoire de la mesure, la baisse du niveau de garanties ou le fait d'être déjà couvert par une complémentaire santé.

Améliorer le niveau de couverture avec une surcomplémentaire

La nature des contrats collectifs a elle aussi été modifiée depuis l'entrée en vigueur de la mutuelle obligatoire en entreprise. On compte désormais une plus grande proportion de contrats avec options : 14% en 2015 contre 24% en 2017. Ces options sont payantes, et bien évidemment, laissées à la charge du salarié. Pourquoi un tel basculement ?

La réforme des contrats responsables a réduit le niveau de couverture minimale, interdisant la prise en charge de certains actes ou dépassements d'honoraires. C'est aussi une solution pour les employeurs de diminuer leur participation en proposant la garantie la moins coûteuse tout en offrant le choix au salarié de cotiser pour les garanties optionnelles afin d'élever le niveau de remboursement. 37% des entreprises ont choisi le panier de soins minimal prévu par la loi. Sauf dérogation, le salarié est obligé d'adhérer au contrat collectif, même si celui-ci est moins avantageux que le contrat individuel ou celui de son conjoint.

Pour renforcer la couverture, certains s'offrent une surcomplémentaire. Selon le cabinet Deloitte, 22% des salariés auraient souscrit un troisième niveau de protection depuis l'entrée en vigueur de la généralisation de la complémentaire santé (16% fin 2015). Cela représente un surcoût moyen de 49€ par mois, soit près de 600€ par an ! On mesure ici l'effet pervers de la généralisation de la complémentaire santé qui accroît de fait l'inégalité d'accès aux soins, un résultat contraire à l'objectif fixé.



Gerard Mihranyan

Par , le jeudi 21 décembre 2017

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