GRL : manque total de réussite.

Constat d'échec et aveu honorable pour Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement, qui reconnaît l'inefficacité de la garantie des risques locatifs. Lancée en 2006 et modifiée en 2010 pour la rendre plus attractive et toucher un plus large public, la GRL peine à convaincre, en premier lieu les assureurs qui sont loin d'avoir facilité son essor. Seuls 60 000 contrats ont été signés cette année contre 400 000 escomptés. L'échec est manifeste et les raisons de cette contreperformance tient aussi en un déficit de communication.

La GRL a pour objectif de faciliter l'accès au logement aux personnes habituellement exclues des critères de solvabilité : les jeunes, les étudiants, les personnes en situation précaire, les salariés en CDD et toute personne ne pouvant s'acquitter d'une caution. Un propriétaire a deux solutions pour se prémunir contre les loyers impayés : soit souscrire un contrat d'assurance privée, appelée aussi GLI (garantie loyers impayés) et exiger de son locataire une caution de garantie, soit signer un contrat GRL auprès d'un des seuls 3 assureurs qui la proposent et permettre alors à une personne modeste, mais présentant un taux d'effort inférieur ou égal à 50%, de pouvoir se loger. Un propriétaire se réserve le droit d'accepter ou non un postulant, celui présentant le dossier le plus solide ayant immanquablement plus de chances qu'un candidat avec une demande de GRL. L'effort social est réservé à l'Etat, pas aux particuliers qui ont investi et comptent rentabiliser leur achat.

Les assureurs ne se sont pas lancé sur le marché d'un tel produit de niche, visiblement peu rentable, surtout depuis cette année où l'Etat et Action Logement (ex-1% Logement) prennent en charge uniquement les loyers impayés des plus modestes. Pour soutenir le dispositif, les sénateurs ont voté un amendement dimanche dernier qui prévoit la retenue d'une contribution de quelques euros mensuels sur les contrats GLI afin de mutualiser les risques de la GRL.

Il reste qu'à défaut d'obligation les propriétaires privilégieront toujours le candidat le plus solvable et maintiendront ainsi un climat d'inégalités sociales entre les postulants. Jean-Jacques Perrin, président de l'UNPI (union nationale de la propriété immobilière), souhaiterait vivement qu'une assurance soit à l'avenir obligatoire ; elle prendrait en charge les loyers impayés à hauteur d'un loyer HLM, libre ensuite au propriétaire de faire jouer une assurance privée pour compenser la différence. D'autres s'en remettent comme toujours à l'Etat-providence qui devrait être le seul garant contre les impayés. Même si la GRL constitue un des leviers à la crise du logement, comme le soutient Benoist Apparu, difficile pour le gouvernement de remettre la main au portefeuille sans le concours des compagnies d'assurance.