Dépendance : quel budget pour rester à domicile ou être hébergé en EHPAD ?

Dépendance : quel budget pour rester à domicile ou être hébergé en EHPAD ?

Aurez-vous assez de patrimoine pour financer la maison de retraite ou votre dépendance ? La question se pose alors que la Mutualité Française présente son Observatoire 2018 consacré à la perte d'autonomie. Disparités régionales, charge mentale et financière pour les aidants, restes à charge insurmontables, le rapport fait le point sur cet enjeu majeur de société dont les impacts financiers risquent à l'avenir d'être encore plus difficiles à assumer pour les ménages.

Les chiffres de la perte d'autonomie 

En 2014, les dépenses liées à la prise en charge des personnes en situation de perte d'autonomie s'élevaient à 30 milliards d'euros, une somme qui se répartit ainsi :

  • santé (Assurance Maladie) : 12,2 Md€  
  • perte d'autonomie (allocations et aides comme APA) : 10,7 Md€
  • hébergement : 7,1 Md€.

Les pouvoirs publics et les collectivités locales prennent en charge 79% du total de la dépense, le reste, soit 6,3 Md€ étant assumé par les Français.

En 2016, 1,3 millions de personnes âgées ont bénéficié de l'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie) et parmi elles, 59% résident à leur domicile, un pourcentage qui varie en fonction du niveau de dépendance : les personnes en perte d'autonomie modérée (GIR 3 et 4) sont très largement maintenues à domicile, tandis que celles atteintes d'une dépendance sévère (GIR 1 et 2) sont hébergées en grande majorité dans des établissements spécialisés. En 2060, le nombre de personnes dépendantes devraient doubler pour atteindre 2,6 millions.

Le coût mensuel moyen d'un hébergement en EHPAD varie entre 2 062€ et 3 795€ selon les départements.

Le coût d'un hébergement en EHPAD : dispendieux et disparate

Selon les données de la Drees pour l'année 2016, un mois d'hébergement en EHPAD (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) coûte en moyenne 2 450€ pour une personne en perte d'autonomie sévère (GIR 1 et 2). Ce coût varie d'un département à l'autre : il faut dépenser plus de 3 500€ à Paris et dans les Hauts-de-Seine, jusqu'à 3 800€ en Guyane contre 2 050€ dans la Meuse.

En moyenne, une femme réside 2 ans et 9 mois en EHPAD contre 2 ans pour un homme, l'âge moyen d'entrée en perte d'autonomie étant de 85 ans.

Le reste à charge mensuel pour le patient suit la même logique (après prise en compte des aides) : il atteint 1 600€ dans la Meuse et grimpe à 3 100€ à Paris et dans les Hauts-de-Seine. Le constat est sans appel : ce reste à charge lié à l'hébergement représente 100% du revenu disponible des plus de 75 ans et en 2011, il était supérieur aux ressources pour plus d'un résident en EHPAD sur deux. Pour financer un hébergement durant 5 ans, un senior dépendant doit débourser plus de 150 000€, soit près de 47 000€ au-delà du niveau de vie médian des retraités français (1 770€ par mois en 2015).

Le coût du maintien à domicile : très variable selon le niveau de dépendance

L'APA permet de financer les prestataires d'aide à domicile, mais les tarifs des prestations varient d'un département à l'autre alors que le montant de l'APA est fixé à l'échelle nationale. Pour une aide financière équivalente, une personne en GIR 1 ou 2 peut bénéficier de 98 heures par mois dans le Jura mais de seulement 66 heures dans le Finistère.

Plébiscité par les Français, le maintien à domicile n'est pas moins coûteux que l'hébergement en EHPAD, car il implique une assistance importante et une adaptation du logement. Pour une personne en perte d'autonomie sévère, le reste à charge mensuel s'étend de 2 500€ à 4 050€ en fonction des revenus. Il faut ajouter le montant des travaux pour adapter l'habitat (en moyenne 6 700€).

Les aidants : dépassés par l'ampleur de la tâche

Actuellement 11% des Français de 45 ans et plus se déclarent être l'aidant d'une personne en situation de dépendance. La moitié s'y consacre tous les jours et 80% au moins deux heures par semaine, principalement pour l'organisation de la vie quotidienne et pour les soins. 19% apportent une aide financière. Au-delà de la dimension pécuniaire, les aidants évoquent la solitude et le manque de soutien qu'ils éprouvent, que ce soit de la part du personnel soignant, des acteurs institutionnels comme des dépendants eux-mêmes. Le rapport met ici en lumière les lacunes des pouvoirs publics, ainsi que l'implication encore trop timide des assurances et des mutuelles dans le domaine de la dépendance.

L'Observatoire de la Mutualité Française paraît alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a lancé lundi dernier une vaste consultation nationale sur la prise en charge des aînés.

réf/Mutualité Française, Place de la Santé - L'Observatoire - Santé, perte d'autonomie : impacts financiers du vieillissement








Hervé Labatut

Par , le mardi 2 octobre 2018

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