Assurance vie : est-elle en danger ?
La planète assurance vie donne des signes d'inquiétude après les nouveaux résultats médiocres du produit financier préféré des Français. Pour le septième mois consécutif, la collecte recule et les versements régressent de 12% en juillet. Les assureurs et les banques ne font que constater cette méforme de l'assurance vie qui cache en effet un malaise plus profond. Les épargnants français semblent retirer leur confiance à un produit financier qui bénéficiait jusque là d'un cadre fiscal avantageux et de rendements intéressants. D'autres raisons viennent s'ajouter directement imputables au contexte économique perturbé. Les hésitations du gouvernement quant à un durcissement de la fiscalité de l'assurance vie ne l'auront pas conforter dans sa position de produit d'épargne stable.
A fin juillet sur un an, la collecte nette (versements moins sorties) régresse de 46% pour cumuler 21 milliards d'euros. Un chiffre qui confirme la lente décélération de l'assurance vie. Confrontée aux autres produits financiers, l'assurance vie est toujours en tête, mais la concurrence se fait plus pressante avec les livrets bancaires réglementés ou non. Les banques multiplient des offres d'appel avec des taux boostés (sur une période réduite à quelques mois), quand, en parallèle, le livret A voit son taux de rémunération monter à 2,25% le 1er août dernier. Totalement exonéré, le livret A apparaît comme la solution idéale pour les petits épargnants qui connaissent l'évolution de leur épargne et peuvent s'en servir sans pénalité. Le taux de rendement de l'assurance vie n'est plus aujourd'hui un argument suffisamment incitatif étant donné les performances moyennes de l'an passé (brut autour de 3,40%) et les perspectives pour cette année. La rémunération 2011 devrait être en-deçà de celle de 2010 compte tenu des normes prudentielles imposées aux assureurs sur leurs fonds propres.
Ce qui est plus intelligible pour l'épargnant moyen est la valse hésitation de l'Etat sur la fiscalité. Après plusieurs effets d'annonce sur un probable durcissement du cadre fiscal, la réforme se solde par une augmentation des contributions sociales (de 12,3% à 13,5%) et par le prélèvement de ces mêmes contributions de manière annuelle pour la partie en euros des contrats multisupports (auparavant taxés à la sortie). Les épargnants ont par ailleurs manifesté leur inquiétude en ponctionnant leur contrat pour répondre à ces soucis économiques croissants. Les rachats partiels ou totaux ont augmenté de 18% par rapport à juillet 2010, signe fort d'une dégradation du contexte économique. Les assureurs craignent que la fin de l'année se termine par une décollecte, à savoir des sorties supérieures aux versements.