Assurance vie : indéboulonnable.

L'assurance vie dans la tourmente ? Ces derniers mois auront été éprouvants pour l'assurance vie, chahutée par le gouvernement qui menaçait son cadre fiscal et par les aléas boursiers qui mettent au supplice la planète finances. Faut-il pour autant mettre en doute la capacité de résistance de ce placement financier plébiscité par une majorité de Français ?

Le cadre fiscal de l'assurance vie est toujours avantageux. Malgré les récents changements quant aux prélèvements sociaux (ponctionnés annuellement pour chaque type de contrat), la souplesse d'utilisation d'un contrat n'est pas entamée. Initialement conçue pour couvrir le risque décès du souscripteur, l'assurance vie est devenue un produit de placement financier : les sommes placées sur des fonds en euros ou en unités de compte sont rémunérées annuellement, les intérêts venant grossir la capital. L'assuré peut disposer des sommes comme bon lui semble, l'avantage fiscal étant optimal au bout de 8 années de détention. A la sortie du contrat, le souscripteur peut récupérer son capital ou toucher une rente ; en cas de décès, les sommes sont transmises au bénéficiaire qui sera imposé après un abattement de 152 200€. L'assurance vie est un outil patrimonial à objectif modulable : constituer un capital pour réaliser un projet, préparer sa retraite en dégageant des revenus supplémentaires ou transmettre un capital à ses proches allégé des droits de succession. Aucun autre produit financier n'offre autant d'avantage.

Les épargnants français ne s'y sont pas trompés : ils étaient 24 millions fin 2010 à détenir au moins un contrat. Si en nombre de comptes, le livret A tient la première place, le volume des sommes placées en assurance vie atteint 1 400 milliards d'euros, ce qui en fait le placement préféré des Français. Régulièrement opposé au livret A, l'assurance vie possède 2 longueurs d'avance incontestables : le nombre de contrats par porteur n'est pas limité (un seul Livret A par personne) et les sommes ne sont pas plafonnées (le Livret A ne dépasse pas 15 300€). Certes le Livret A est lui aussi d'une souplesse extrême : les sommes sont disponibles à tout moment et totalement exonérées. Le rendement en revanche reste faible, généralement un demi point au-dessus du taux de l'inflation, mais ce taux est net.

A 2,25% depuis le 1er août, le Livret A pourrait cette année réduire la distance avec les taux de rendement de l'assurance vie. En 2010, le taux moyen servi avoisinait les 3,6% ; en 2011 la conjoncture liée à la crise de la dette pourrait faire chuter le taux. Même si l'exposition des compagnies d'assurance françaises aux dettes souveraines est limitée, certains assureurs ont déjà prévenu que les taux de rendement s'orienteraient à la baisse. Les contrats en euros sont garantis, l'épargne constituée ne craint rien, seul le rendement pourrait être moins performant. Les contrats en unités de compte sont pour leur part nettement plus exposés aux évolutions des marchés boursiers qui font le yo-yo depuis 2 ans. Sur le long terme, les perspectives de rendement des supports en unités de compte sont supérieures à celles des contrats en euros. A condition de diversifier les supports et d'arbitrer régulièrement les sommes pour sécuriser les intérêts. Le gros problème de l'assurance vie est la complexité et la diversité des supports qui restent totalement obscures pour le néophyte. C'est pourquoi le manque de témérité des épargnants français les oriente majoritairement vers les contrats en euros, sans risque et sans souci de gestion.