Assurances : vers une baisse des prix grâce à la loi Hamon ?

Les tarifs d'assurances auto et habitation ne devraient augmenter que très faiblement, voire régresser. Certains assureurs ont déjà annoncé leur politique tarifaire, comme une réponse à un projet de loi qu'ils accusent de mettre en péril le principe de mutualisation.

Résilier à tout moment
Le projet de loi Hamon relatif à la consommation sera examiné au Sénat le 10 septembre prochain. Adopté en première lecture à l'Assemblée nationale le 3 juillet dernier, le texte prévoit notamment de donner la possibilité aux assurés de résilier leurs contrats tacitement reconductibles à l'issue d'une période d'un an sans préjudice financier. Plusieurs élus de la droite se sont inquiétés du risque de renchérissement du coût des assurances et de déstabilisation du modèle économique du secteur. Unis contre le projet, les assureurs craignent eux aussi une augmentation des tarifs et ont mis en garde contre l'éclatement du principe d'annualisation qui pénaliserait un autre principe au coeur du monde des assurance, la mutualisation. Leurs propositions d'accorder un mois supplémentaire au-delà de l'échéance pour résilier un contrat n'auront pas été entendues. L'argument du ministre : protéger le pouvoir d'achat en alignant les droits de l'assureur qui peut résilier à tout moment et ceux de l'assuré. Sont concernés par la mesure les contrats d'assurance auto et habitation.

Gel des tarifs pour la Maif et la Maaf
A peu de distance d'être votée, la loi fait mentir les assureurs. Déjà en mai, la Maif avait annoncé ne pas augmenter ses tarifs auto pour 2014. Courant août, ce fut au tour de la Maaf d'informer du gel de ses tarifs et d'offrir une remise exceptionnelle de 5% sur la prime 2014. D'autres acteurs vont entrer dans cette guerre des prix, sans doute motivée par la future loi Hamon, mais plus concrètement engagée parce que les assureurs n'ont pas le choix. L'augmentation des tarifs en 2013 (entre 2% et 3%) est parfaitement injustifiée : la forte baisse de la sinistralité en auto aurait du avoir l'effet inverse. Depuis 2010, les tarifs auto progressent ; les assureurs ont désormais atteint leur point de rupture, alors que les consommateurs voient leur pouvoir d'achat diminuer. La prochaine entrée en vigueur de la loi Hamon leur donne un argument pour rectifier le tir, même s'ils se défendent d'être influencés. Pour garder leurs clients, ils devront contenir leur grille tarifaire, poussés par une concurrence que la loi Hamon aura immanquablement réveillée.



Audrey Benzaquen

Par , le lundi 9 septembre 2013

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