Dépendance : les Français ignorent son coût.

Dévoilé par l'OCIRP (organisme commun des institutions de rente et de prévoyance), le dernier baromètre sur la dépendance pourrait aider le gouvernement a finalisé son projet de financement de cet enjeu majeur pour votre société. Commanditée par France Info et le journal Le Monde, l'enquête révèle tout le paradoxe qui entoure le sujet : les Français veulent se prémunir, mais n'ont qu'une faible connaissance du coût engendré par la perte d'autonomie.
Ce baromètre est la synthèse de plusieurs enquêtes réalisées en 2012 auprès d'un échantillon de particuliers, de DRH (directeurs des ressources humaines d'entreprises de tailles diverses), de délégués syndicaux et de salariés (cadres et non cadres de divers secteurs d'activité).

Les questions fondamentales de l'enquête portaient sur la connaissance du problème de la dépendance et sur les options offertes pour s'en prémunir :

- la connaissance
56,2% des personnes interrogées se disent "assez bien" informées des problématiques de la dépendance. Paradoxalement, 81,1% ignorent le coût moyen dépensé par une personnes en perte d'autonomie.
Une majorité de personnes ignorent (77,9%) les modalités de financement de la dépendance par les pouvoirs publics ; seuls 21,3% des sondés savent que l'APA (allocation personnalisée d'autonomie), et les autres aides des collectivités locales interviennent dans le soutien financier aux personnes dépendantes. Les Français ont par ailleurs une très faible connaissance des modes de financement privés : assurance dépendance, assurance vie, épargne, plan d'épargne.

- un enjeu de société majeur
44,6% déclarent avoir déjà été confrontés à la perte d'autonomie d'un proche. Le rôle de la famille est primordial, puisque 59% estiment que les personnes dépendantes peuvent être aidées au quotidien par quelqu'un de leur entourage proche. 76,7% des sondés sont favorables au maintien à domicile contre une faible proportion (14,7%) pour une aide favorisant le placement en maison spécialisée.

- les enjeux financiers
Une immense majorité (93,3%) estiment que les personnes dépendantes doivent être aidées financièrement, de même qu'il est primordial de se prémunir financièrement contre ce risque (90,8%). Autre paradoxe de l'enquête, l'intention reste largement déconnectée du passage à l'acte : 84,2% estiment que les Français n'ont encore rien fait pour se protéger financièrement du risque de dépendance.

- la volonté de se prémunir
Les solutions envisagées en complément de la solidarité nationale sont en premier lieu la souscription d'un contrat collectif dans le cadre de l'entreprise (32,6%), la solidarité familiale (21,1%) et la souscription d'un contrat d'assurance individuelle (18,9%). 66,4% considèrent que l'entreprise doit participer au financement de la dépendance en mettant en place des garanties pour ses salariés. Une majorité estime que les Français seraient favorables à ce type de contrat collectif. L'assurance individuelle devrait, quant à elle, se faire en inclusion dans une complémentaire santé (42,5%), en garantie optionnelle d'un contrat d'assurance vie (19,8%), faire l'objet d'une offre spécifique (17,7%) ou par le biais d'une assurance décès avec option dépendance (8,3%). Troisième contradiction : si le contrat collectif a la faveur des Français, les partenaires sociaux privilégient le contrat spécifique.

- une meilleure coordination
Pour mener à bien la réforme de la dépendance, les différents acteurs de la perte d'autonomie (Etat, collectivités territoriales, agences de santé, caisse nationale de solidarité) doivent travailler en synergie. 70,2% des personnes interrogées sont dans l'attente d'une réforme de la dépendance, mais seuls 31,9% pensent que le gouvernement actuel va concrétiser cette réforme.

Le gouvernement Hollande réussira-t-il là où le gouvernement Sarkozy avait échoué ? Encore une fois promesse de nos élus, la réforme de la dépendance se confronte à nouveau au contexte budgétaire : les capacités financières étant quasi nulles, l'Etat cherche à réduire les besoins en misant sur la prévention. Pour les Français comme pour l'Etat, la priorité est le maintien à domicile. Michèle Delaunay, la ministre chargée des personnes âgées et de l'autonomie, souhaite inciter les baby-boomers à équiper leur logement en vue d'anticiper leur vieillissement. La réforme de la dépendance est attendue pour la fin de l'année.



Audrey Benzaquen

Par , le lundi 4 mars 2013

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