Interview du mois : Giovanni Gaudoux
Giovanni GAUDOUX
Président de l'association Sauvez les abeilles
La complémentaire santé obligatoire pour tous les actifs : quel est l'impact ?
Le 11 janvier, après 3 mois de discussion, les syndicats et le patronat sont parvenus à se mettre d’accord sur un projet pour "sécuriser les parcours professionnels". Ce projet prévoit "les moyens de s’adapter aux problèmes conjoncturels".
L’un des effets les plus impactant est donc la "généralisation de la couverture complémentaire des frais de santé" à tous les salariés. Des négociations devront s’ouvrir avant le 1er avril 2014, si aucun accord de branche n’est trouvé "avant le 1er juillet 2014", les entreprises seront tenues d’ouvrir des négociations "dans le cadre de l’obligation annuelle de négocier sur la prévoyance", stipule le texte.
Si ce n’est toujours pas le cas elles devront, "au plus tard, à compter du 1er janvier 2016, faire bénéficier leurs salariés d’une couverture collective de frais de santé".
1) Quel est l’impact de ce projet ? Est-ce que cela changera le marché ? Et comment ?
Ce projet va tout simplement provoquer la perte de nombreux emplois, recensés aujourd'hui à plus de 30 000, alors que le chômage bat déjà son plein.
En France, à ce jour, 120 000 emplois dans le courtage de proximité sont recensés. Les clauses de désignation sont présentes dans 74% des cas sur le marché collectif. En l'occurrence, ces clauses implicites sont présentes dans les accords de l'ANI. Nous enregistrons alors une perte de 75% de la clientèle de particuliers.
2) Que pensez-vous de la mise en place de cet accord ? Cela concerne t’il beaucoup de vos prospects potentiels ?
Cet accord est uniquement fait pour avantager certains organismes !
Il y a actuellement 4 500 000 salariés qui ont besoin d’une mutuelle car leurs employeurs ne leur en proposent pas. Ils appartiennent à différentes branches professionnelles et lorsque les accords de l’ANI seront votés, ces 4 500 000 salariés seront répartis dans le portefeuille de toutes les IP (Institutions de prévoyance).
C’est pourquoi nous préconisons l’accès à un chèque « Complémentaire Santé Individuelle » qui serait financé par chaque employeur; laissant ainsi le choix aux salariés de s’assurer où ils veulent.
3) Comment soutenir l’association ?
Soutenir l'association, c'est contribuer à sauver 30 000 Emplois. Pour nous soutenir :
- Aimez notre page facebook : http://www.facebook.com/sauvezlesabeilles
- Chacun a aussi la possibilité de participer financièrement à notre projet
4) Comment anticipez-vous tous ces changements ? (ouvrir votre portefeuille à de nouveaux produits – mutuelle santé entreprise – prévoyance-…)
Il ne s’agit pas réellement d’anticipation mais plutôt de réaction. Nous devons donc nous diversifier et nous ouvrir à d’autres types de contrats tels que prévoyance, IARD et commercialiser de nouveaux produits sur le marché.
Ce cap est envisageable mais ce type d’action est coûteux en recherche de nouveaux partenaires, formations et prospection. Pour les cabinets ne pouvant pas faire face financièrement, des licenciements seront inévitables. Tout dépend de la structure et de la composition du portefeuille de chacun mais en moyenne il est vrai que la diversification sur les complémentaires santés collectives est envisageable. Cependant, les grosses structures sont tellement importantes que les prix et propositions seront beaucoup plus attractifs. Les IP détiennent déjà 34% du marché collectif non soumis à des clauses de désignation).