Mutuelle santé : la nouvelle taxe, une pilule dure à avaler.

Le nouveau plan d'austérité du gouvernement Fillon reste en travers de la gorge de beaucoup. A commencer par les groupes mutualistes qui sont montés au créneau sans tarder pour dénoncer une mesure injuste qui les touche de plein fouet. En doublant la taxe sur les contrats dits responsables, le gouvernement ne s'attendait sans doute pas à un tel soulèvement qui va aujourd'hui plus loin que la simple indignation. Les mutuelles s'adressent par courrier au premier ministre pour lui demander solennellement de renoncer à cette hausse de la taxation.

Jusqu'en 2010, les contrats dits "solidaires et responsables" n'étaient pas concernés par la taxe spéciale sur les conventions d'assurance (TSCA). Seuls les contrats non responsables, à savoir ceux qui ne respectent pas le parcours de soins coordonnés, étaient taxés à hauteur de 7% ; le gouvernement cherchait à inciter les assurés à souscrire des contrats conformes aux directives de la Sécurité Sociale pour limiter les dépenses de soins. En 2011, la TSCA touche aussi les contrats responsables à hauteur de 3,5%, le gouvernement estimant sans doute que l'incitation ne se justifie plus pleinement quand 95% des assurés détiennent un contrat responsable.

Cette taxe a été répercutée sur les cotisations, les assurés faisant les frais par ailleurs d'un plan de redressement de la Sécu qui se traduit par un désengagement irrémédiable de l'organisme solidaire. Hausse des forfaits, déremboursement des médicaments, hausse du coût des soins, les mutuelles se trouvent depuis quelques années à devoir prendre en charge un nombre croissant de dépenses de soins. Les mutuelles doivent revoir leurs offres, étendre les garanties et rehausser les primes pour compenser de surcroit les taxes qui les frappent depuis 2008. L'impact sur l'accès aux soins se fait désormais plus pressant, le nombre de foyers qui renoncent à se soigner correctement augmente d'année en année. On voit fleurir de plus en plus de formules low-cost qui, certes, couvrent les besoins essentiels des assurés, mais ne leur permettent pas d'accéder à une couverture suffisante notamment en optique et dentaire.

Dans sa critique envers cette mesure qui touchera quasiment tous les assurés, des plus modestes aux plus aisés, la Mutualité Française peut compter sur le soutien de l'UFC-Que Choisir qui s'inquiète des répercussions qu'aura cette taxe sur l'accès aux soins. Les foyers les plus modestes vont devoir repenser leur budget soins, et envisager une couverture santé réduite au minimum. Quand certains renonceront peut-être carrément à payer pour une complémentaire.