Santé : les dépenses des ménages ont doublé depuis 2001.

Les mutuelles de santé n'ont pas tardé à alerter les pouvoirs publics sur l'impact néfaste qu'auront les futures mesures gouvernementales visant à réduire le déficit de la Sécurité Sociale. Taxe sur les contrats solidaires et responsables, plan de financement de la Sécurité Sociale qui transfert de plus en plus de prise en charge vers les organismes complémentaires, les récentes annonces mettent à mal les comptes des mutuelles qui n'auront visiblement pas d'autre alternative que d'augmenter les cotisations en 2011. L'UFC-Que Choisir apporte de l'eau au moulin des contestataires de la politique du gouvernement français qui cherche à tout prix à faire des économies sans véritablement se pencher sur une réorganisation de notre système de santé. L'association de défense des consommateurs pointe du doigt l'augmentation considérable des dépenses de santé pour les ménages français depuis 2001 : se soigner coûte 50% plus cher en 2008 par rapport à 2001.

Le désengagement progressif du régime général oblige les assurés à faire appel aux mutuelles et complémentaires pour en compenser les effets, ce qui se traduit en clair par "payer plus pour mieux se soigner". En 7 ans, entre 2001 et 2008, les dépenses de santé par ménage ont augmenté de 50% pour passer en moyenne annuelle pour une personne de 407€ à 618€. Si la politique de réduction de la prise en charge par l'Assurance Maladie implique indubitablement une hausse du ticket modérateur, l'UFC-Que Choisir n'épargne pas les organismes complémentaires qui ont répercuté le retrait de l'Etat directement sur les cotisations sans réelle proportion avec les prestations de remboursement : celles ont en effet progressé de 27% entre 2001 et 2008, tandis que les tarifs ont été réévalués de +44%.

D'autre chiffres avancés par l'UFC-Que Choisir témoignent de la cherté des soins dans notre pays. Certains ménages dépensent autant pour se soigner que pour manger, soit 15% de leur budget. Le coût de la santé pousse d'ailleurs de plus en plus de personnes à renoncer à souscrire une complémentaire. On pourrait assister à terme à une santé à deux vitesses, comme cela existe dans de nombreux pays occidentaux. Quand on additionne les franchises, les déremboursements de médicaments, la hausse des tarifs de consultations, le ticket modérateur s'enflamme et la médecine de proximité (médecine de ville) s'avère inaccessible pour un grand nombre de patients. L'incidence sur le long terme risque d'être un afflux vers les hôpitaux de patients avec des pathologies prises en charge avec retard. 24% des Français ayant des revenus inférieurs à 800€ ont renoncé à des soins en 2006. Entre 2004 et 2008, 20% ne pouvaient de soigner correctement pour raisons budgétaires.

Depuis le début des années 2000, l'Etat a toutefois réussi à contenir la progression des dépenses de santé, malheureusement la crise de 2008 a freiné les ardeurs à cause d'une chute notable des rentrées de cotisations sociales. Il faut tout de même rappeler que la part des dépenses de santé assumée par la Sécurité Sociale a très peu évolué jusqu'en 2005, pour régresser sensiblement entre 2005 et 2009 (de 77% à 75,5%). Le mouvement risque malheureusement de s'accentuer, les récentes annonces vont dans ce sens avec, pour corollaire, la majoration des cotisations des complémentaires.

L'UFC-Que Choisir dénonce de surcroît une certaine nébulosité des formules et des tarifs des complémentaires santé, et réclame une meilleure transparence avec la mise en place d'un indice du taux de performance pour apporter au consommateur une plus grande lisibilité des contrats de santé.