Santé : quand elle coûte de plus en plus cher.

L'examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale nous rappelle que la santé coûte cher, de plus en plus cher. Les premiers concernés sont les assurés qui doivent débourser plus pour se soigner et si le principe de solidarité de notre système de santé ne perd pas ses fondements, on est tenté de penser que se soigner correctement est de plus en plus réservé à ceux qui peuvent payer. L'économie de 2,5 milliards prévue pour 2011 met à contribution tous les acteurs de la santé, praticiens, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques, organismes complémentaires. En bout de chaîne, l'assuré qui verra sa cotisation inévitablement augmenter face au désengagement de l'Assurance Maladie.

Limiter l'évolution des dépenses de soins à 2,9% pour l'année 2011, tel est l'objectif que s'est donné par le gouvernement. Il espère y arriver en abaissant le taux de remboursement de certains médicaments, ceux à service médical médiocre qui passeront de 35% à 30%, en augmentant les franchises médicales, en ne prenant plus en charge certains transports et en excluant du dispositif des ADL (affection longue durée) les patients qui ne le nécessitent plus. Autant de facteurs qui viendront grossir le reste à charge.

Pourtant les chiffres du ministère de la Santé auraient plutôt tendance à faire taire les associations de patients et les syndicats qui fustigent régulièrement le transfert de charge de l'Assurance Maladie vers les organismes mutualistes. En 2009 le reste à charge, c'est-à-dire ce que le patient paie effectivement après les prises en charge de la Sécu et de sa mutuelle, s'établissait à 9,4%, très légèrement moins qu'en 2008 (9,5%). Un chiffre encourageant tiré de statistiques globales et qui ne rend pas compte des écarts entre les différents types de santé. Il y a consensus sur les affections de longue durée (ADL) qui sont très bien remboursées par le régime général entre 90% et 100%. Ces dépenses s'amplifient d'ailleurs d'année en année à cause du vieillissement de la population. A côté, la médecine classique où le taux moyen de remboursement tourne autour de 55%.

Les patients qui ont une complémentaire de santé sont mieux armés pour accéder à des soins performants. 93% des Français cotisent à titre privé ou par le biais de leur entreprise. Le rôle des organismes complémentaires s'est accru ces dernières années, à mesure du désengagement de la Sécurité Sociale. Déjà taxés à hauteur de 5,9% pour financer la couverture médicale universelle (CMU), ils doivent s'acquitter d'une nouvelle taxe de 3,5% sur les contrats de santé dits "responsables et solidaires" qui représentent 95% des contrats. Cette réforme aura le double effet pervers de diminuer l'assiette de la taxe CMU (et d'engendrer un manque à gagner de 60 millions d'euros pour le fonds) et d'augmenter les cotisations pour les assurés. La hausse régulière des cotisations exclut chaque année un plus grand nombre de familles aux revenus modestes et précaires. L'UFC-Que Choisir a évalué le coût annuel de la santé pour une personne à 618€ en 2008, soit 50% de plus qu'en 2001 (407€). Les mutuelles et organismes complémentaires ont d'ores et déjà annoncé des augmentations pour 2011 dans une fourchette allant de 8% à 10%.