Orthodontie et dépassements d'honoraires.

Dans leur descriptif de communication, les organismes de complémentaire santé utilisent très régulièrement la proposition subordonnée suivante : si votre chirurgien-dentiste pratique des dépassements d'honoraires,…. La conjonction de subordination "si" est superflue, puisque la condition nécessaire est toujours exprimée : les soins d'orthodontie dépassent les barèmes de la Sécurité Sociale. Et sans une très bonne mutuelle, le reste à charge est lourd et exclut inévitablement un grand nombre d'assurés ne pouvant l'assumer. Le conseil de l'Assurance Maladie a planché sur les mesures d'économie possibles pour réduire le budget 2011 et vient de livrer ses propositions au gouvernement. Parmi les pistes, le plafonnement des dépassements d'honoraires et en particulier ceux des orthodontistes dont les dérives tarifaires sont répandues sur le territoire.

Et contrairement aux soins dentaires et en dehors de la consultation et de la radiographie, les tarifs des soins pratiqués par les orthodontistes sont fixés librement. Avec tact et mesure selon les recommandations de la Sécurité Sociale. Dans la réalité, les honoraires dépassent allègrement deux voire trois fois le barème de l'Assurance Maladie, et même si les tarifs de remboursement de l'AM sont très en-dessous des coûts réels, s'offrir des soins d'orthodontie n'est certainement pas accessible au plus grand nombre. Pour un enfant de moins de 16 ans, un semestre de traitement est remboursé à 100% sur la base de 193,50€ par l'AM, alors que le coût réel peut atteindre jusqu'à 2 000€. Pour bénéficier de cette maigre prise en charge, il faut obtenir l'accord préalable de la Caisse d'Assurance Maladie accompagné du devis détaillé du praticien. La différence entre le montant des honoraires et la prise en charge de la Sécu reste dû par le patient qui, sans une bonne mutuelle, risque de souffrir doublement pour ces soins d'orthodontie.

Malgré les contrôles par l'Assurance Maladie, la liberté donnée aux orthodontistes de fixer leurs tarifs entraîne inévitablement des dépassements d'honoraires qui deviennent parfois abusifs. En 15 ans, les dépassements ont augmenté exponentiellement pour passer de 180 à 516 millions d'euros, une dérive budgétaire que la Sécu veut endiguer en les plafonnant. Chacun a sa part de responsabilité, les spécialistes n'étant pas les seuls en cause : la Sécu dans son manque de réajustement des tarifs aux coûts réels et les mutuelles qui rechignent à rembourser correctement les soins d'orthodontie sous réserve d'une cotisation très élevée. Et si la grande majorité des mutuelles propose un remboursement honnête pour les soins pratiqués sur les enfants de moins de 16 ans, pour un étudiant ou un adulte la note est salée.

Si vos dépenses de soins vont essentiellement concerner l'orthodontie pour vous-même ou un membre de votre famille, vérifiez auprès de votre mutuelle le remboursement proposé et si vous devez en changer pour être mieux remboursé, prenez le temps de comparer les offres pour choisir la formule adaptée à votre situation et à votre budget.