Argent : les Français, l'épargne et la crise.

Les Français ont-ils modifié leurs habitudes en matière d'épargne ? Quels sont les placements vedettes quand la planète financière s'agite ? Comment les banques orientent-elles les épargnants ? Une récente étude de la Banque de France met en lumière les comportements des Français vis-à-vis de l'épargne en période de crise économique. L'année 2011 est pleine d'enseignements. Les deux mots majeurs sont sans doute sécurité et liquidité.

L'érosion de l'assurance vie est constatée depuis plus de 6 mois. La crise de l'euro et des dettes souveraines a détourné les épargnants de leur produit préféré au profit de produits plus liquides et plus souples. Les livrets réglementés mais également les livrets fiscalisés sont les grands gagnants de l'épargne.

Le désamour des épargnants français pour l'assurance vie a commencé en août 2011 entraînant une décollecte confirmée dans la durée. Hormis le mois de février 2012 qui émerge dans le vert avec une collecte positive de 300 millions d'euros, depuis l'été dernier les détenteurs d'un contrat d'assurance vie ont puisé plus largement dans leur épargne qu'ils ne l'ont alimentée. Besoin de liquidités pour éviter de recourir au crédit ou pour anticiper un remboursement, besoin de trésorerie pour des dépenses courantes, transfert d'épargne, trois raisons majeures qui ont pénalisé l'assurance vie et profité au Livret A et aux livrets bancaires en général.

En s'effritant depuis 5 ans, les rendements de l'assurance vie font quasiment jeu égal avec le taux de rémunération du Livret A (2,25% nets). Entièrement défiscalisé avec une épargne disponible à tout moment, le Livret A enregistre en 2011 la deuxième meilleure collecte de son histoire et entraîne dans son sillage les autres livrets réglementés (LDD) et les livrets fiscalisés des banques qui ont, pour leur part, largement progressé l'an passé.

Les banques ne sont pas étrangères au phénomène en favorisant leurs propres livrets. Bien qu'elles détiennent 60% du marché de l'assurance vie, les banques font moins d'effort pour inciter leurs clients à placer leur épargne sur ce produit de long terme (8 ans de détention pour bénéficier d'une fiscalité avantageuse). L'assurance vie n'étant pas comptabilisé dans leur bilan, elles préfèrent réorienter l'épargne vers des produits qui permettent de le renforcer : les livrets et les comptes à terme. Pour satisfaire aux nouvelles normes réglementaires elles doivent en outre mobiliser d'avantage de fonds propres pour un même volume d'affaires et répondre aux ratios de solvabilité plus stricts pour l'assurance vie. Bien qu'elles s'en défendent, les banques pratiquent une politique commerciale en faveur de leurs livrets avec un credo imparable, le trio "simplicité, sécurité et liquidité".



Audrey Benzaquen

Par , le vendredi 10 août 2012

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