Assurance obsèques : des pratiques abusives dénoncées par 60 millions de consommateurs

Assurance obsèques : des pratiques abusives dénoncées par 60 millions de consommateurs

Les contrats d'assurance obsèques sont de nouveau dans le collimateur des associations de consommateurs. D'une façon récurrente fustigés pour leur opacité, ces contrats de prévoyance seraient "ruineux" pour les assurés selon une récente enquête de 60 millions de consommateurs, qui dénonce dans la foulée l'assurance décès et engage les Français à "les fuir" au profit de l'assurance vie ou de la donation.

L'assurance obsèques : opaque et coûteuse

L'association 60 millions de consommateurs a passé au crible 11 contrats d'assurance obsèques. Le comparatif est sans équivoque : aucun des contrats n'est satisfaisant. Les trois griefs principaux sont les suivants :

  1. un versement qui tarde : le versement du capital constitué au bénéficiaire désigné n'intervient qu'après présentation par les proches du défunt d'une liste de pièces justificatives plus longue qu'un jour sans pain, dont l'effet dilatoire est pour le moins indécent. La famille peut attendre jusqu'à un mois et doit, dans l'intervalle, faire l'avance des frais funéraires.
  2. le versement reçu est inférieur aux cotisations versées : le coût des obsèques augmente beaucoup plus vite que le taux de l'inflation. L'étude estime qu'il faut à un souscripteur de 62 ans verser près de 5 400€ pour que le bénéficiaire récupère seulement 4 000€ au bout de vingt ans.
  3. plus on vit longtemps, plus on cotise...pour rien : l'assurance obsèques est une bien mauvaise affaire pour ceux qui ont la chance de vivre vieux. Peu importe le montant des cotisations versées, c'est le capital défini à la souscription que recevra le bénéficiaire désigné.

4,5 millions de Français étaient détenteurs d'une assurance obsèques en 2017. Chaque année, entre 450 000 et 500 000 personnes souscrivent ce type de contrat pour financer leurs funérailles et épargner ce poids à leurs proches. Le taux de croissance du marché oscille entre 5% et 10% par an, un succès imputable à la cherté des obsèques.

Si la facture moyenne est autour de 4 000€, elle peut grimper jusqu'à 10 000€ pour qui veut s'offrir une pierre tombale, des soins de conservation ou d'autres prestations annexes. Le marché de l'assurance obsèques touche avant tout la population relativement modeste qui peut avoir du mal à faire face à une dépense de plusieurs milliers d'euros mais peut se permettre d'épargner quelques dizaines d'euros par mois pour alimenter un contrat obsèques.

L'assurance décès : cotiser à fonds perdus

L'association pointe également du doigt l'assurance décès, dont le but est de mettre à l'abri financièrement les proches en cas de disparition du souscripteur. Là encore, les dérives sont préjudiciables à l'assuré et les bénéficiaires :

  • ce n'est pas un placement : le versement du capital ou de la rente au(x) bénéficiaire(s) désigné(s) n'est possible qu'à la mort de l'assuré. Les sommes constituées ne sont en aucun cas une épargne ou un placement qu'on peut débloquer du vivant de l'assuré.
  • un pari sur la mort : à moins de cotiser pour une garantie "vie entière", ce qui engage des montants bien plus élevés, les sommes constituées sont perdues si le décès ne survient pas avant la fin du contrat. 

L'association évoque également les exclusions de garantie comme le décès par suicide ou dû à des pratiques à risque comme l'usage de stupéfiants ou l'exercice de sports dangereux. Rappelons toutefois que ces causes de décès ne permettent pas, dans la plupart des contrats de prévoyance (assurance emprunteur par exemple), la mise en jeu des garanties. 

L'étude complète est publiée dans le numéro hors-série "Héritage et succession" de 60 millions de consommateurs. Elle met en lumière une fois de plus ce que dénoncent régulièrement d'autres organismes, mais également les plus hautes instances de l'État, telle la Cour des comptes qui, dans son rapport de février 2019, épinglait l'illisibilité et le manque de transparence des devis des pompes funèbres.




Francesco Romanello

Par , le mercredi 11 septembre 2019

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