Assurance vie : est-elle toujours un placement intéressant ?
Le mouvement de décollecte constaté depuis une année pleine autorise à se poser légitiment la question de l'intérêt de l'assurance vie. Rendements en baisse, fiscalité chahutée, risques liées aux dettes souveraines, les griefs adressés par les assurés sont-ils fondés ? S'il alourdit quelque peu la fiscalité, le gouvernement n'a pas l'intention de remettre en cause les fondamentaux de l'assurance vie. Celle-ci n'est pas une niche fiscale, ne nécessite aucune subvention, finance la dette publique et soutient l'économie nationale. Dans le cadre d'un investissement à long terme destiné à transmette un patrimoine et préparer sa retraite, l'assurance vie reste le placement idéal pour trois raisons fondamentales.
Fiscalité
Dans l'hypothèse d'une réduction des avantages fiscaux, l'assurance vie continuera d'être attractive. Le gouvernement mettrait en oeuvre son projet d'allonger le délai de défiscalisation des plus-values de 8 à 10 voire 12 ans, l'assurance vie ne perdrait pas son intérêt pour une raison simple inscrite dans ses gènes : l'assurance vie est un placement sur le long terme, la très grande majorité des assurés conservant son épargne bien au-delà du seuil des 8 ans. Si la durée de détention s'allonge, les épargnants pourront toujours effectuer des retraits partiels qui seront, sans changement, défiscalisés dans la limite des abattements, en attendant d'optimiser l'avantage fiscal.
La fiscalité de l'assurance vie ne fait pas partie du projet de loi de finances 2013, la réforme sera débattue fin 2012 dans le cadre du "paquet compétitivité". On oublie donc que l'assurance vie aurait pu être intégrée dans le projet d'alignement de l'imposition des revenus du capital sur ceux du travail. Le gouvernement envisage aujourd'hui de prendre en compte la date de versement pour activer le compteur de la durée de détention. L'ancienneté du contrat ne serait plus le seul critère pris en considération pour bénéficier de l'avantage fiscal. Rien n'est calé, mais il y a fort à parier que l'épargne devra dormir un certain temps pour profiter de l'allègement d'impôt.
Epargne illimitée
Par rapport à d'autres produits financiers, et l'on ne peut éviter de penser aux livrets réglementés, l'épargne n'est pas plafonnée. C'est la grande force de l'assurance vie par rapport au Livret A qui, malgré le doublement à terme de son plafond, n'attendra jamais que 32 600€. Il serait plus prudent d'arrêter la comparaison entre le Livret A et l'assurance vie. Ces deux placements n'ont rien en commun : quand le Livret A offre la possibilité de puiser librement dans son épargne défiscalisée, l'assurance vie encourage l'épargne forcée grâce à la formule des versements programmés, un atout imparable pour construire l'avenir.
Transmission
Outil d'épargne efficace, l'assurance vie est également un vecteur de transmission particulièrement intéressant sur le plan fiscal. Les fonds transmis aux bénéficiaires sont soumis à une fiscalité dérogatoire par rapport au régime de droit commun. Les primes déposées après le 14/10/1998 sont assujetties à une imposition fixe (20% jusqu'à 902 828€, 25% au-delà) après un abattement de 152 500€ par bénéficiaire. Si les versements sont effectués après les 70 ans de l'assuré, l'abattement est de 30 500€ sur les primes versées et non sur la valeur de rachat du contrat (intérêts et participations aux bénéfices sont exonérés). Pour que les capitaux transmis au conjoint survivant n'entrent pas dans la succession et soient ainsi intégralement exonérés (et non plus 50%, c'est-à-dire la part lui revenant, le reste étant réservé aux héritiers directs), il faut prévoir devant notaire une clause de préciput.

Par Audrey Benzaquen, le mercredi 26 septembre 2012