Assurance vie : le mauvais coup du Livret A.
Promesse de campagne du candidat Hollande, le doublement du plafond du Livret A a été confirmé par le nouveau gouvernement. Le rehaussement devrait être échelonné pour passer d'abord à 20 000€ avant d'atteindre les 30 600€ à terme. La mesure est une bonne nouvelle pour les épargnants, elle l'est moins pour les banques et les compagnies d'assurance vie qui vont subir un transfert d'épargne vers le fameux livret au détriment de leurs produits de placement.
Plusieurs voix s'élèvent pour critiquer cette mesure et pour réclamer un rehaussement progressif du plafond. Le premier en lice étant le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, par ailleurs président de l'ACP (Autorité de Contrôle Prudentiel), qui souhaiterait qu'on donne aux établissements le temps de s'adapter, afin d'éviter des situations de tension. L'inquiétude plane du côté des assureurs ; ils se sentent particulièrement vulnérables face à la probabilité d'un transfert des fonds provenant de l'épargne longue vers l'épargne courte. Même s'il est difficile d'évaluer l'impact de cette mesure sur l'assurance vie, car la temporalité des transferts de capitaux reste inconnue, la FFSA prédit une perte à 10 milliards d'euros la première année pour l'assurance vie. Le montant total des transferts pourrait rapporter entre 30 et 60 milliards d'euros au profit du Livret A.
Ces mises en garde interviennent au moment où l'assurance vie est à la peine : décollecte historique depuis août dernier (-16% de cotisations sur les 5 premiers mois de l'année), défiance des épargnants engendrée par la crise des dettes souveraines et l'érosion de rendements, velléités de reforme sur la fiscalité. Sur ce dernier point, la FFSA demande au gouvernement une grande prudence quant à la fiscalité de l'assurance vie et appelle de ses voeux le maintien du régime actuel pour encourager l'épargne longue. Selon les dernières informations, le plafond du Livret A pourrait passer à 20 000€ à la rentrée prochaine, plus vraisemblablement à l'automne. Le gouvernement se serait donc laissé convaincre d'étaler par étapes le doublement du plafond du livret préféré des Français. Il n'a sans doute pas oublié qu'un transfert massif d'une épargne fiscalisée vers une épargne totalement exonérée engendrerait une perte de recettes.

Par Audrey Benzaquen, le vendredi 29 juin 2012