Assurance vie : le placement préféré des Français à la peine.

Les fameuses obligations d'Etat qui sont au coeur des débats européens sont le facteur principal de la méforme de l'assurance vie. Les contrats en euros sont réputés sûrs et sans risque, les épargnants français ont d'ailleurs majoritairement investi sur les fonds en euros, puisque les contrats en euros représentent 85% de l'encours total. Le Français est un bon épargnant, mais sa prise de risque est très limitée. Les contrats en euros sont en grande partie investis en obligations, dont un tiers en obligations d'Etat. On sait depuis l'été 2011 que les obligations d'Etat sont faillibles, puisqu'un Etat peut faire défaut. Tout est mis en oeuvre pour que ce scénario du pire ne se produise jamais, mais le doute est désormais admis. L'exposition des banques et des compagnies d'assurance aux dettes toxiques est très limitée, il est dit qu'elle ne peut menacer leur équilibre. Pour l'épargnant, le capital est garanti, les établissements bancaires et les assurances doivent garantir les fonds en euros sur leurs fonds propres. Dont acte.

En revanche, le rendement s'émousse. Depuis plusieurs années, la rentabilité des contrats en euros perd du terrain pour se situer aujourd'hui autour de 3% nets de frais mais hors inflation. A côté, les livrets réglementés et les super-livrets commercialisés par les banques gagnent des parts de marché. Avec un taux à 2,25%, le Livret A reprend des couleurs : malgré son plafond à 15 300€, il reste le placement le souple et le plus avantageux, puisqu'intégralement défiscalisé. Les banques cherchent à renforcer leurs liquidités en mettant en avant les super-livrets : une épargne courte et dynamisée sur quelques mois qui répond à une logique de crise.

A cet écho conjoncturel répond une cause structurelle : le départ à la retraite de la génération des baby-boomers, un mouvement progressif qui va s'intensifier avec la sortie d'un grand nombre de contrats pour compenser la perte du pouvoir d'achat. Ce n'est que le début : cette génération doit non seulement trouver les moyens de combler l'écart entre la retraite versée par le régime général et les derniers salaires, et financer sa dépendance. Pour l'heure, le gouvernement n'a pas souhaité modifier la fiscalité de l'assurance vie, malgré un besoin impérieux de renflouer les caisses publiques. L'épargne longue est le seul remède au désengagement de l'Etat.



Francesco Romanello

Par , le mercredi 30 novembre 2011

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