Assurance vie : pourquoi les Français ne l'aiment-ils plus ?

Le désamour des épargnants français pour l'assurance vie ne se cache plus depuis de longs mois. De collecte négative en collecte négative, l'assurance vie n'est plus le produit d'épargne préféré des Français. Une infidélité qui fait les choux gras du Livret A et des livrets bancaires. L'assurance vie n'est plus portée par ses rendements dont l'érosion se confirme d'année en année. Les banques et les assureurs se détournent elles aussi d'un produit jugé moins rentable, et préfèrent ne plus s'exposer aux obligations volatiles des pays à risque de la zone euro, quitte à perdre en rentabilité.

Le premier semestre 2012 enregistre une décollette de 4,7 milliard d'euros en assurance vie. Ce résultat médiocre n'est que la continuité d'un mouvement négatif amorcé en août 2011. Les épargnants ont effectué des retraits plus importants qu'ils n'ont versé sur leurs contrats d'assurance vie. D'un mois sur l'autre, sorties et versements fluctuent, seul le mois de février a affiché une collecte positive de 300 millions d'euros. Besoin de trésorerie, besoin de financer un projet immobilier, mais également désir de placer l'épargne ailleurs, vers des produits plus liquides et plus souples, Livret A et LDD en tête.

L'effritement des rendements des fonds en euros depuis 5 ans est une motivation supplémentaire pour se détourner de l'assurance vie. A plus de 4% en 2007, le taux moyen a chuté à 3% l'an passé (nets de frais, hors prélèvements sociaux), une érosion progressive mais irrémédiable, car les taux des obligations souveraines des pays où le risque de défaut est minime (France, Allemagne) sont peu rémunérateurs. La sécurité est à ce prix, les banques évitent comme la peste les obligations des pays en difficulté de la zone euro (Espagne, Italie, Grèce,…) même si les rendements sont élevés. Les banques préfèrent dès lors mettre en avant leurs propres livrets et leurs comptes à terme pour lesquels les taux sont connus d'avance.

Même précaution chez les assureurs qui voient moins d'intérêt dans le produit assurance vie. Ils s'orientent plus volontiers vers les produits de prévoyance (couvrant le décès, l'invalidité et la dépendance) où les marges sont supérieures, au détriment des produits d'épargne.

L'encours de l'assurance vie culmine toujours à 1 370 milliards d'euros. Banques et assureurs doivent trouver de nouvelles idées pour conserver et faire fructifier cette manne.



Audrey Benzaquen

Par , le jeudi 2 août 2012

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