Assurance vie ou épargne complémentaire : quels placements pour sa retraite ?

La retraite par répartition qui doit normalement s'équilibrer entre le nombre de cotisants et le nombre de pensionnés est désormais insuffisante pour maintenir son niveau de vie, et ce constat ne fera qu'empirer au fil des années. Pour éviter de voir son taux de remplacement (rapport entre le montant de la pension et le dernier salaire) réduit à la portion congrue, il devient indispensable de se constituer un capital. Quels sont les placements à privilégier ?

A l'heure où le gouvernement réfléchit à la réforme des retraites, les salariés du public ou du privé, ainsi que les travailleurs indépendants ont tout intérêt à compter sur eux-mêmes pour maintenir leur pouvoir d'achat au moment de l'entrée en retraite. Le déséquilibre entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités est de plus en plus manifeste ; si aujourd'hui 10 actifs financent la retraite de 4 pensionnés, en 2040 ce même nombre d'actifs aidera à payer la pension de 7 retraités. Pour compenser la perte de revenus à l'heure de la retraite due à la baisse du taux de remplacement, il faut donc épargner le plus tôt possible et si divers placements d'épargne retraite existent, ils sont diversement appréciés par les épargnants.

Peu connus ou pas assez médiatisés, les placements dédiés à l'épargne complémentaire sont souvent pénalisés par leur manque de souplesse par rapport à d'autres placements financiers. Le Perp, le Perco ou le PEE sont les produits d'épargne retraite les plus connus. Le PERP (Plan Epargne Retraite Populaire) n'est pas, comme son nom l'indique, particulièrement populaire, car il privilégie contribuables les plus lourdement taxés. En effet, ce produit de placement dispose d'un levier de défiscalisation qui favorise les hautes tranches du barème des impôts : plus les versements à déduire du revenu imposable sont importants, plus l'économie d'impôt est intéressante (dans la limite des plafonds). Autre inconvénient du PERP : son manque de souplesse. L'épargne est en effet bloquée jusqu'au moment de la retraite et est à ce moment-là convertie en rente viagère qui sera soumise à l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (CSG-CRDS). Le temps de la dotation de l'épargne, l'Etat autorise une défiscalisation qu'il pénalisera ensuite à l'heure de la retraite.

Le Perco (Place d'épargne pour la retraite collectif) connaît un réel succès : en 2009, ce produit d'épargne salariale a conquis +20% d'épargnants et ses encours ont augmenté de 60%. Il s'adresse aux salariés qui veulent se constituer un complément de revenu, mais ce sont généralement les grandes entreprises qui le proposent, les PME et TPE ayant moins de latitude pour s'engager. La mise en place d'un Perco se fait seulement à l'initiative de l'entreprise ou dans le cadre d'un accord collectif avec les partenaires sociaux. Le Perco bénéficie d'une plus grande souplesse que le Perp ; ses versements sont volontaires pour un montant libre de choix par le salarié (dans la limite de 25% de son salaire annuel). Ce dernier peut y affecter son intéressement ou sa participation à l'entreprise qui abonde de son côté grâce à des versements complémentaires jusqu'à 300% la mise du salarié (dans la limite de 16% du plafond annuel de la SS). La clef du succès du Perco tient dans cette politique d'abondement de l'employeur qui gonfle la rentabilité du placement. Les versements par le salarié ne sont pas déductibles des impôts à l'inverse du Perp, en revanche l'abondement n'est pas imposable. Le réel intérêt fiscal du Perco intervient au moment du départ en retraite. Si le salarié choisit une sortie avec rente viagère, il bénéficiera d'un abattement de 60% du montant de la rente si elle est perçue avant 70 ans, et de 70% après 70 ans. Pour une sortie avec capital, les intérêts produits sont exonérés d'impôts, mais soumis aux prélèvements sociaux de 12,1%. L'inconvénient comme pour le Perp est que l'épargne est bloquée jusqu'à la retraite (sauf exceptions, invalidité, décès, acquisition de la résidence principale, surendettement et chômage en fin de droits).

Le PEE est le système d'épargne collective le plus répandu et peut être constitué dans toute société à l'initiative de l'employeur ou dans le cadre d'un accord collectif du personnel. Il permet d'investir dans les titres de la société ou dans des fonds communs de placement d'entreprise (FCPE). Les sommes déposées (versements volontaires ou intéressement) sont abondées par l'entreprise dans la limite de 300% des versements du salarié et de 8% du plafond de la SS. Le capital n'est pas garanti, puisque les fonds sont généralement investis en actions ou obligations, mais des fonds monétaires peuvent être choisis et garantissent le capital avec des rendements en fonction des taux du marché. Les plues-values réalisées sur le PEE ne sont pas imposables mais restent taxées aux prélèvements sociaux. Les sommes investies ne sont disponibles qu'après 5 ans (sauf exceptions).

L'assurance vie reste le placement traditionnel préféré des épargnants qui veulent se constituer un complément retraite. Beaucoup plus souple que le Perco et le Perp, elle rend disponible l'épargne à tout moment qui, au-delà de 8 ans, n'est taxée qu'à 7,5% (hors prélèvements sociaux). En matière de succession, elle est là aussi plus avantageuse, puisque le/les bénéficiaires désignés recevront le capital, alors que dans le cadre d'un Perp, ils n'auront droit qu'à une rente. Même si les taux de rendement du Perp en 2009 sont très proches de ceux de l'assurance vie (autour de 4%), il est desservi par son mode d'imposition et son cadre rigide.



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