La réforme de la retraite : les grandes lignes.

La réponse que tous les Français attendaient depuis l'annonce d'une réforme en profondeur du régime des retraites par répartition : l'âge légal de départ en retraite est désormais fixé à 62 ans, au lieu de 60 ans aujourd'hui. Avant d'être entérinée définitivement par le conseil des ministres en juillet et soumise aux élus du Parlement en septembre, la réforme a l'ambition d'équilibrer les comptes du régime par répartition d'ici 2018, une échéance relativement proche si on veut lui opposer le trou béant des caisses de retraite : 30 milliards aujourd'hui, 70 milliards et plus à l'horizon 2050. Le rôle des politiques est d'agir maintenant, sans attendre, pour sauver un régime dépassé par les aléas économiques et les données démographiques.

Le socle des 60 ans est tombé, il ne s'agit pas là d'une surprise, puisque les effets d'annonce se succèdent depuis quelques semaines. Il était primordial et prudent de préparer l'opinion publique à un allongement de la durée de travail. La France est l'unique pays européen à fixer l'âge de la retraite à 60 ans. Dans la plupart des pays de l'Union, les actifs travaillent jusqu'à 65 ans. Le curseur pour l'âge légal étant fixé à 62 ans, il faudra attendre 67 ans pour toucher une retraite à taux plein. Sont pénalisés les travailleurs ayant commencé tôt dans la vie active et les femmes dont la maternité tend à briser la vie professionnelle. Bien entendu des ajustements auront lieu face à la pénibilité au travail, mais de manière limitée par branche. L'amendement sur l'âge permettrait d'économiser 19 milliards d'euros.

Autre effet d'annonce : faire payer les plus hauts revenus et réformer le bouclier fiscal. La contribution demandée aux plus aisés serait évaluée à 2 milliards. A côté, les autres salariés poseront dans les caisses de l'Etat via une hausse des cotisations et l'augmentation du nombre d'années au travail quelque 35 milliards d'euros, soit 85% de l'effort.

Si la réforme est adoptée en l'état, l'âge légal sera relevé de 4 mois par an dès juillet 2011. La durée de cotisation attendra 41,5 ans pour une retraite complète jusqu'en 2020. Les fonctionnaires dits en catégorie active (policiers) verront l'âge d'ouverture des droits passer de 50 ans à 52 ans, et de 55 ans à 57 ans. Cheval de bataille des syndicats : la confrontation secteur public/secteur privé. Le taux de cotisation du public rejoindra celui du privé, à savoir 10,55% au lieu de 7,85% avec un étalement sur 10 ans.

La réforme prévoit des mesures fiscales qui touchent les contribuables situés dans la dernière tranche de l'impôt sur le revenu (prélèvement de 41% au lieu de 40%), les prélèvements sur les plus-values immobilières et mobilières (1 point supplémentaire), et les prélèvements sur les stock-options. Symbole inégalitaire s'il en est un, la retraite chapeau, dite aussi surcomplémentaire, sera taxée plus fortement : généralement dévolue aux plus hauts dirigeants des grandes entreprises et pour laquelle seul l'employeur cotise, elle est dans le collimateur du ministre du Travail. Un effort de justice sociale face à cette pratique de pensions hors normes : faire contribuer plus efficacement les hauts revenus au financement des retraites pour compenser cette faveur faite à des privilégiés. Les plus-values sur les cessions mobilières seront taxées dès le premier euro, et non plus à partir de 27 000€. L'allègement des charges pour les entreprises sera supprimé.

Enfin, un effort d'information sera accompli pour chacun, quel que soit son régime, en faisant le point sur ses droits dès 45 ans avec la possibilité d'obtenir un relevé de carrière en ligne. Le gouvernement se félicite de cette réforme qu'il juge ambitieuse et équilibrée. Le 24 juin prochain, la rue donnera son avis sur ces réponses données au financement de la retraite par répartition.



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