Retraite : développer les produits d'épargne

 

La réforme des retraites n'est pas encore passée, loin s'en faut, les manifestations au travers du pays témoigne de l'angoisse que représente pour l'ensemble des Français le maintien du niveau de vie une fois quitté le monde du travail. Chacun est d'accord pour une réforme en profondeur, les régimes obligatoires et complémentaires ne suffisent plus aujourd'hui, et ne suffiront pas demain à assurer un niveau de pension décent. L'orientation se porte sur l'épargne privée et collective qui viendra compenser les régimes existants.

Les assurances ont une large voie ouverte devant elles pour des produits d'épargne retraite. Que ce soit par le biais des entreprises ou à titre privé, une multitude de produits financiers destinés à pérenniser les revenus pour la dernière période de la vie a vu le jour depuis le début de années 2000 : Pere (plan épargne retraite entreprise), Perco (plan épargne retraite collectif), ou encore le Perp (plan épargne retraite populaire constitué à titre privé), les trois-là ont été instaurés en 2003, tous ayant pour dénominateur commun de rendre l'épargne disponible uniquement à l'âge de la retraite. Le Perco se distingue par une possibilité de sortie en capital, les deux autres ne donnant droit qu'à une rente viagère.

Ces plans d'épargne retraite font bénéficier le salarié et l'employeur (pour le Perco et le Pere) d'avantages fiscaux et sociaux grâce à une déduction des cotisations du revenu imposable selon plafonds de la Sécurité Sociale. Avant cela, en 1994, ont été créés les contrats dits "loi Madelin" pour les travailleurs indépendants (professions libérales, commerçants et artisans, gérants de société et conjoints collaborateurs). Les cotisations sont libres et sont aussi déductibles des revenus professionnels selon une fourchette établie. La sortie se fait uniquement sous forme de rente.

Selon la FFSA (fédération française des sociétés d'assurance), les deux tiers des contrats d'épargne retraite sont des contrats d'entreprise, le reste étant souscrit à titre privé. Au regard des prestations retraite versées, ces contrats ne comptent que pour 2%, ce qui se justifie par leur caractère récent. Leur progression est cependant croissante, le Perco décolle même en flèche avec +48% d'augmentation des encours à fin juin 2010 par rapport à 2009. 630 000 salariés ont effectué des versements en 2010. En revanche, le Perp régresse avec seulement 29 000 nouveaux plans signés à fin juin contre 130 000 en 2007.

Les assureurs plaident en faveur d'un assouplissement des dispositifs pour non seulement renforcer la popularité de ces produits mais aussi pour en améliorer les performances. Cette réforme des retraites est d'ailleurs une formidable aubaine pour les compagnies d'assurance qui évaluent à 8 000€ par an l'épargne nécessaire à un Français moyen pour compléter sa retraite. Certains amendements de la réforme vont dans le sens du développement de l'épargne retraite collective et individuelle.

Le Perco est d'ores et déjà considéré comme un instrument de développement des entreprises, outre le fait qu'il autorise un gel des salaires. Un projet prévoit notamment d'affecter 50% des sommes versées au titre de la participation directement sur le Perco. Un autre de reverser les RTT non consommés en valeur sur le Perco. La retraite par capitalisation est en marche, même si certains mauvais esprits y voient le transfert discret des fonds du système par répartition vers la capitalisation individuelle au bénéfice des assureurs.



Audrey Benzaquen

Par , le vendredi 22 octobre 2010

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