Retraite : ne pas négliger le PERP.

Le plan d'épargne retraite populaire cherche à se faire une place, loin derrière le Livret A, l'immobilier et l'assurance vie. Produit financier encadré par la loi, il permet de se constituer une épargne en prévision de la retraite, la contrainte de l'effet "tunnel" (l'épargne n'est récupérée qu'à échéance au moment du départ en retraite) devenant au final un avantage.

Apparu en 2003, le PERP compte aujourd'hui 7,5 milliards d'€ d'encours, en hausse de 15% comparativement à 2010 et un peu plus de 2 millions de contrats. L'encours moyen est passé de 3 020€ en 2010 à 3 400€ l'an dernier. Ces résultats encourageants cachent pourtant le manque d'intérêt des épargnants français pour ce produit retraite. Le taux de détention atteint à peine 9% pour l'ensemble de la population salariée. 80% des personnes interrogées par le Cercle des Epargnants dans un sondage sur les Français et la retraite déclarent préférer une autre solution d'épargne en vue de la retraite. A la garantie d'une rente à vie, ils opposent l'impossibilité de disposer de son épargne avant le départ en retraite (sauf exceptions).

Fonctionnement

Accessible à tous, le PERP est un contrat d'assurance vie souscrit par le biais d'une association d'au moins cent adhérents, soumise au contrôle d'un comité de surveillance. Produit d'épargne de long terme, le PERP permet aux salariés de bénéficier d'un régime de retraite complémentaire comparable à ceux des TNS (loi Madelin) et des fonctionnaires (Préfon).

Trois types de contrats coexistent :

- le contrat d'épargne convertie en rente viagère, avec rente garantie et revalorisable assortie d'un mode de sécurisation progressive des droits (en fonction du nombre d'années qui séparent de la retraite). Ce contrat est un placement multisupports (support en euros à capital garanti + support en unités de compte).

- le contrat en rente viagère différée où les versements permettent d'acquérir un droit à rente (rente garantie et revalorisable en fonction des performances du plan)

- le contrat en unités de rente où les points acquis au fil des versements sont convertis en rente (valeur du point garantie et revalorisée selon les performances du plan). L'adhésion à un PERP est individuelle et facultative. Pour chacun des types de contrats, les versements sont libres. Le nombre de contrats est limité à un par membre du foyer fiscal.

Le comité de surveillance (moitié des membres indépendants de l'organisme gestionnaire, élus par les participants au PERP) veille aux intérêts des adhérents en contrôlant la gestion des actifs et la répartition de la participation aux bénéfices.

Avantage

Il est d'ordre fiscal, puisque chaque versement est déductible du revenu imposable. Dans une certaine limite toutefois : 10% des revenus professionnels N-1 et 8 fois le plafond annuel de la Sécurité Sociale, rehaussé à 10% du PASS pour les plus faibles revenus (28 281€ en 2012). Cette limite englobe toutes les cotisations retraite (facultatives, individuelles ou collectives). Le solde fiscal des 3 années précédentes reste déductible. En phase de constitution, le plan est exonéré de prélèvements sociaux. Les revenus soumis à l'ISF sont exonérés de PS en phase de rente s'ils ont cotisé au moins 15 ans. Accessible à tous les contribuables, le PERP optimise son avantage pour les plus gros contribuables.

En cas de décès du titulaire, une option prévue au contrat permet de reverser la rente viagère à un bénéficiaire désigné ou une rente temporaire d'éducation à un enfant.

Inconvénients

Argument fort de ses détracteurs, l'épargne est bloquée jusqu'au départ en retraite. C'est oublier que cette contrainte constitue la garantie d'une rente à vie, le titulaire n'ayant aucune possibilité de puiser dans son bas de laine avant le terme de la vie professionnelle. L'administration consent toutefois 3 situations de sortie anticipée : expiration des droits à l'allocation chômage en cas de licenciement, liquidation judiciaire et invalidité grave empêchant l'exercice d'une profession. La rente est soumise à l'impôt sur le revenu.

Autre inconvénient, l'épargne constituée est uniquement transformée en rente viagère. La réforme des retraites de 2010 a introduit plus de souplesse en permettant aux détenteurs d'un PERP de récupérer jusqu'à 20% du capital acquis. Depuis 2006, la sortie en capital est possible pour la première acquisition de la résidence principale. Les frais de gestion varient selon les contrats, sans dépasser le seuil de 1% ; les frais sur versement, rarement nuls, oscillent entre 3% et 5% maximum.



Audrey Benzaquen

Par , le lundi 3 septembre 2012

Partager cet article :