Le renoncement aux soins gagne du terrain

Les ménages les moins aisés financièrement sont de plus en plus nombreux à renoncer à se soigner. Une étude Ipsos réalisée pour le Secours Populaire révèle que plus de six foyers modestes sur dix ont des difficultés à payer des soins. Pour ces personnes, souscrire une mutuelle santé est hors de leurs moyens.
Le renoncement aux soins progresse chez les plus modestes
Le baromètre Ipsos/Secours Populaire publié mardi 6 septembre exprime les difficultés qu’éprouvent les plus pauvres à se soigner. Optique et dentaire sont les deux postes les moins accessibles. Parmi les ménages les plus modestes, ceux qui gagnent moins de 1 200€ nets par mois, la moitié a déjà renoncé à aller chez le dentiste ou repousser une consultation pour raisons financières. Une proportion qui a presque doublé depuis 2008.
Même constat pour les soins d’optique : 39% des personnes interrogées indiquent avoir annulé ou reporté un rendez-vous chez l’ophtalmologiste, soit 9 points de plus qu’en 2008. Les inégalités d’accès aux soins deviennent de plus en plus visibles ; 68% des Français interrogés estiment qu’elles se sont aggravées au cours des dernières années.
Les femmes, premières victimes
Le Secours Populaire est témoin de cette dégradation de l’accès aux soins. Les premières victimes sont les mères seules avec enfant(s), également les jeunes et les retraités. 39% des femmes déclarent avoir déjà connu la pauvreté, plus d’un tiers des sondés exprime ce même constat. L’association est par ailleurs témoin que le travail n’est plus aujourd’hui le garant d’une autonomie financière.
Autre enseignement de ce sondage, accéder à une complémentaire santé est financièrement impossible pour 53% des foyers modestes. La privation et l’arbitrage sont leur quotidien : près de la moitié disent ne pas avoir les moyens nécessaires à une alimentation saine.

Par Victoria Laroche, le jeudi 8 septembre 2016