12% des ménages les plus modestes privés de couverture santé complémentaire

12% des ménages les plus modestes privés de couverture santé complémentaire

Le dernier rapport de l'Irdes indique que 5% de Français n'étaient pas couverts par une complémentaire santé en 2014. Ce taux grimpe malheureusement parmi les personnes plus pauvres, et ce malgré les dispositifs d'aide mis en place pour les foyers modestes.

Les chiffres de la complémentaire santé en 2014

L'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) vient de publier son enquête sur les Français et l'assurance santé complémentaire en 2014. 95% de la population étaient couverts par une complémentaire santé. Par tranche d'âge, les pourcentages varient : le taux de personnes couvertes par un contrat privé était de 83% chez les 20-29 ans, pour atteindre 95% chez les plus de 60 ans.

L'étude porte sur l'année 2014, soit deux ans avant l'entrée en vigueur de la généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés. En 2014, 70% des salariés du privé étaient couverts par la mutuelle collective de leur entreprise, 25% par un contrat individuel. Seuls 3% des actifs du secteur privé n'avaient aucune couverture complémentaire. Les autres catégories d'actifs, travailleurs indépendants et salariés du secteur public, étaient relativement bien couverts avec des taux respectifs de 90% et 96% (couverture individuelle ou collective). Une étude prochaine permettra de savoir si la généralisation de la complémentaire collective sera effectivement favorable aux salariés sans assurance, bien que leur nombre soit marginal.

Méconnaissance des aides à l'acquisition d'une mutuelle

Le taux de non-couverture (5%) est quasiment identique depuis 2008 malgré l'augmentation du nombre de personnes précaires dans l'intervalle. La raison avancée par l'Irdes est le rôle joué par la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire), dispositif qui permet aux ménages les plus pauvres d'obtenir une mutuelle gratuitement. L'absence de couverture santé complémentaire est intimement liée aux ressources financières et au milieu social. 12% des foyers déclarant les revenus les plus faibles ne bénéficient d'aucune protection complémentaire. La moitié des personnes non couvertes par une complémentaire santé avaient un niveau de vie inférieur à 970€, alors qu'elles étaient éligibles à la CMU-C ou à l'ACS (Aide au paiement d'une Complémentaire Santé). En 2014, 16% des demandeurs d'emploi étaient sans mutuelle, et 25% couverts par la CMU-C.

La complémentaire santé est indispensable pour lever les obstacles financiers à l'accès aux soins. Elle reste pourtant inaccessible pour une frange de la population, celle qui a le plus besoin de protection sociale. Les mutuelles et autres assurances complémentaires prennent en charge 13% des dépenses de santé. Cette part varie selon le type de soins :

  • 5% pour les soins hospitaliers
  • 41% pour les soins dentaires
  • 74% pour les soins d'optique.

On mesure ici l'importance d'être couvert pour réduire les restes à charge et pour éviter un renoncement aux soins. Même si le régime général assure un remboursement optimal en hospitalisation, le risque financier est loin d'être négligeable en l'absence de couverture complémentaire. La CMU-C et l'ACS ont été respectivement mises en place en 2000 et 2005 pour réduire les inégalités d'accès aux soins. Fin 2015, le nombre de bénéficiaires de la CMU-C ou de l'ACS atteignaient 6,7 millions dont un peu plus de 5 millions pour la seule CMU-C, pour un réservoir de personnes éligibles compris entre 9 et 12 millions de personnes. Les taux de recours restent insuffisants et témoignent d'une méconnaissance de ces deux dispositifs par la population ciblée.




Gerard Mihranyan

Par , le vendredi 2 février 2018

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