Le bio a envahi notre alimentation et se retrouve désormais dans les rayons des supermarchés. La France est le troisième producteur d'agriculture biologique d'Europe après l'Italie et l'Espagne, mais le pays est loin de combler l'engouement des consommateurs. Soit disant bon pour la planète, et donc bon pour notre santé, le bio est un marché juteux qu'il n'est pas politiquement correct de détrôner en révélant certaines vérités qui dérangent.

Bio...vraiment bio ?

Un produit bio est un produit issu de l'agriculture biologique, certifié par le label vert AB. Le mode de production exclut l'usage de pesticides et d'OGM (Organisme Génétiquement Modifié), ainsi que l'emploi d'engrais chimiques. Un aliment bio ne doit contenir ni exhausteur de goût, ni colorants, ni arômes chimiques de synthèse. Certains additifs sont autorisés, mais leur utilisation est très limitée et contrôlée. 0 phyto = 100% bio ??

Le raccourci est largement utilisé par le lobby de l'agriculture biologique. C'est oublier que le bio est d'abord une obligation de moyens et non de résultats. Le label AB certifie que le producteur a tout mis en oeuvre pour respecter le cahier des charges, mais il ne garantit pas que le produit est dénué de pesticides. Pour être certifié bio, un produit doit contenir au moins 95% d'ingrédients issus d'un mode de production biologique. Le 100% bio est donc une utopie. La contamination peut venir de traitement des cultures voisines ou de l'exploitant lui-même qui produit une partie en agriculture conventionnelle. Certains producteurs bio militent pour une réglementation plus stricte avec des labels plus exigeants, par exemple en soumettant les produits bio aux mêmes plafonds que ceux en vigueur dans l'alimentation pour bébé.

Les produits bio contiennent aussi des résidus de pesticides !

Bon pour la santé ?

L'argument santé est mis en exergue par tous les partisans d'une alimentation biologique. Des centaines d'études scientifiques très sérieuses ont prouvé que manger bio n'est pas plus nutritif que de consommer des produits issus de l'agriculture intensive ou conventionnelle. La consommation de produits sans pesticides est trop récente pour qu'on en connaisse les effets sur le long terme. Manger bio permet de réduire son exposition aux pesticides et aux bactéries résistantes aux antibiotiques, ce qui en fait tout de même un excellent principe de précaution.

Bon pour la planète ?

Pour répondre à une demande exponentielle, les grandes enseignes de la distribution sont obligées d'importer des produits bio qui viennent du monde entier. Bilan carbone : peut mieux faire ! Bien évidemment, les bananes ne poussent pas dans l'hexagone, mais pour certains fruits ou légumes, il serait préférable que le consommateur attende la saison s'il veut réellement faire preuve de conscience écologique. 

Faux bio

Comme dans toutes les filières alimentaires, les arnaques existent et régulièrement les services de douane interceptent des produits indûment étiquetés du label AB. Les fraudes dans le bio sont aussi locales : qui ne s'est pas laissé tenter sur un marché estival par des olives "bio" qui étaient en fait cultivées en Espagne ou en Grèce sans certification ? 

46% des produits bio vendus en France le sont dans les supermarchés, loin devant les magasins spécialisés (36%) et la vente directe (13%). Pour casser les prix, les grandes enseignes achètent où c'est moins cher, Espagne, ailleurs en Europe, en Turquie ou même Chine, où il est bien difficile de s'assurer du respect de la réglementation bio.