Courtier de proximité : portrait-type d'un métier méconnu

Courtier de proximité : portrait-type d'un métier méconnu

Il est des professions dont les contours restent flous pour le grand public, à l'instar du courtier de proximité, une activité très encadrée qui évolue dans le domaine de l'assurance et qui doit s'adapter à une réglementation en perpétuel mouvement. Une étude menée par l'Argus de l'Assurance et la Chambre Nationale des Conseils Experts Financiers (CNCEF) lève le voile sur ce métier d'indépendants.

Courtier, un métier d'hommes

Commençons par une définition simple. Le courtier est intermédiaire en assurances dont le métier n'est pas de vendre des contrats d'assurance mais d'aider ses clients à en acheter. Voici maintenant celle, officielle, du Code des assurances : "Intermédiaire qui exerce à titre principal une activité qui consiste, contre rémunération, à présenter, proposer ou aider à conclure des contrats d'assurance ou de réassurance ou à réaliser d'autres travaux préparatoires à leur conclusion" (article L/511-1).

Et visiblement, ce métier attire peu la gent féminine. Pas de parité homme/femme dans le domaine du courtage en assurance. 83% des courtiers sont masculins. Ce n'est pas là l'enseignement le plus frappant du portrait-robot du courtier de proximité dressé par L'Argus de l'Assurance et la CNCEF. Âgé de 55 ans, à la tête d'un cabinet de proximité de moins de 10 salariés, le courtier-type exerce en IARD (Incendies, Accidents et Risques Divers) et réalise un chiffre d'affaires de moins de 10 millions d'euros. On retient également de cette étude que la longévité est une caractéristique forte de ce métier : près d'un professionnel sur deux évolue dans le secteur depuis plus de 16 ans et 37% depuis plus de 20 ans. Pourquoi un tel engagement ? Les courtiers sondés mettent en avant 2 critères de motivation :

  • le rôle de conseil et d'accompagnement des clients (prospects dans le jargon)
  • l'indépendance de la profession, en particulier vis-à-vis des compagnies d'assurance.

En ce qui concerne la rémunération, autre source de motivation, près de la moitié perçoivent chaque année des revenus issus de leur activité supérieurs ou égaux à 71 000€ bruts.

Courtier, une profession réglementée

Pour avoir le droit d'exercer, un courtier d'assurance doit respecter un certain nombre d'obligations légales. Voici les trois conditions d'installation :

1 - la qualification professionnelle : 

Une formation professionnelle d'une durée minimale de 150 heures où la possession d'un diplôme est obligatoire pour obtenir un "permis de travail" de la part de l'Orias, le registre des intermédiaires en assurance, mais aussi des IOBSP (Intermédiaires en Opérations de Banque et en Services de Paiement). 39% des courtiers sondés ont reçu une formation délivrée par une compagnie d'assurance, un autre courtier ou un agent général d'assurance, tandis que 25% ont suivi un cursus universitaire et 22% un master en finance.

2 - l'honorabilité :

Un courtier ayant fait l'objet depuis moins de 10 ans d'une condamnation définitive pour crime ou d'une peine d'emprisonnement ferme ou d'au moins 6 mois avec sursis pour les faits énoncés à l'article L.322-2 du code des assurances n'a pas le droit d'exercer. L'Orias demande communication du bulletin n°2 du casier judiciaire.

3 - la garantie financière :

Le courtier en assurance doit justifier d'une couverture en responsabilité civile professionnelle, et d'une garantie financière s'il encaisse des fonds (150 000€).

Internet : outil accessoire

Au-delà de ces contraintes pour s'installer, un courtier doit aussi se mettre en conformité avec la nouvelle réforme du courtage qui doit se mettre en place au plus tôt le 1er janvier 2021. Mal appréhendée par les intermédiaires, a fortiori inconnue du grand public, cette réforme doit se traduire par la création d'associations professionnelles chargées d'auto-réguler le secteur. Selon l'étude, plus de la moitié des courtiers se disent mal préparés aux changements induits par cette évolution. Les craintes s'expriment également face à la concurrence avec les autres acteurs (IOBSP et grands cabinets) et à la digitalisation du secteur de l'assurance. Pour autant, les canaux numériques ne semblent pas inquiéter outre mesure nos courtiers : pour prospecter, 53% leur préfèrent les canaux physiques (Lions Club, associations, clubs de golf,...) contre 43% les réseaux internet. Les outils digitaux ont tout de même la faveur des courtiers : 72% possèdent un site, 66% y voient un gain de temps dans la gestion des dossiers, 40% une réduction des coûts, et 46% sont visibles sur les réseaux sociaux.

Activité équilibrée

Le courtier d'assurance exerce un métier d'indépendant dont le statut juridique est à 42% une Société à responsabilité limitée (Sarl), à 27% une Société par Actions Simplifiées (SAS) et de manière très marginale une Entreprise Individuelle (EI). Quant à l'activité des cabinets, elle se répartit plutôt équitablement entre les familles de risques : 38% en assurance santé et prévoyance, 34% en assurance de biens et 32% en assurance auto. Près de 50% des courtiers affichent un portefeuille d'au moins un millier de clients, avec une répartition là encore assez homogène entre la clientèle professionnelle et les particuliers : 58% et 42% respectivement.

D'ici cinq ans, 40% des courtiers âgés entre 53 et 72 ans envisagent de céder leur fonds de commerce, ce qui devrait favoriser la concentration de la profession ou susciter de nouvelles vocations.



Hervé Labatut

Par , le vendredi 27 septembre 2019

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