Déserts médicaux : des patients très patients !

Déserts médicaux : des patients très patients !

Plus de deux mois d'attente pour décrocher un rendez-vous chez l'ophtalmo ou chez un cardiologue, trois mois chez un dermato et six jours (seulement !) chez un généraliste, les délais d'attente pour se faire soigner témoignent de la difficulté d'accès aux soins et sont le deuxième motif de renoncement à se faire soigner. C'est pire dans les déserts médicaux, une situation qui affecte actuellement plus de 11 000 communes françaises.

Déserts médicaux : 11 millions de Français concernés

La question de l'accès aux soins est centrale dans le débat public actuel. Cette problématique repose sur l'accès à une offre de santé pour tous, quels que soient les revenus, et sur la répartition géographique des praticiens, clef de voûte de la première. D'un point de vue spatial, l'accès aux soins n'est pas égalitaire. Le terme de "désert médical" suggère une différence d'accès aux soins entre les territoires. Bien que cette notion renferme plusieurs données (proximité et disponibilité de l'offre de soins), la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) l'a définit par un accès réduit aux médecins généralistes sur la base d'un indicateur unique : l'APL ou accessibilité potentielle localisée, indicateur plus pertinent que la densité médicale ou le temps d'accès à un professionnel de santé. L'APL mesure le nombre de visites ou consultations accessible par habitant et par an. Dès lors que l'APL est inférieure à 2,5, la zone est considérée comme sous-dense en médecins généralistes. A plus de 4, l'APL est jugée satisfaisante.

Sur la base des chiffres du conseil national de l'Ordre des médecins et de la Drees, le journal Le Figaro vient de mettre en ligne une cartographie commune par commune de l'offre de médecins généralistes. 11 329 communes françaises, soit une commune sur trois, sont déclarées "déserts médicaux", ce qui affecte 11 millions de personnes (plus de 8% de la population).

Manque de médecins généralistes

12% de la population française résident dans une commune où l'accès aux soins est difficile. La raison principale est le manque de médecins généralistes, ce qui entraîne une baisse de l'offre de premiers secours. La France compte quelque 226 000 médecins en activité en 2018 (toutes disciplines confondues), soit 10 000 de plus qu'en 2012, mais le nombre de praticiens généralistes stagne et même recule parmi les libéraux (-2% depuis 2012). D'ici 2025, leur nombre aura diminué de 8% par rapport à 2010.

Contrairement aux idées reçues, les zones rurales ne sont pas les seules à souffrir du manque de médecins généralistes. Selon la répartition régionale des communes en sous-densité en 2015, l'Île-de-France est la plus touchée avec 22,5% de la population vivant dans une commune dont l'APL est inférieur au seuil. La région Rhône-Alpes est deuxième avec un taux de 16,3%. C'est dans les couronnes rurales des grands pôles urbains que la part de la population vivant dans une commune sous-dense est la plus grande : plus d'un habitant sur cinq y est victime d'une accessibilité médiocre à la médecine générale.



Hervé Labatut

Par , le vendredi 12 octobre 2018

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