Mesure emblématique du quinquennat Hollande, le tiers payant généralisé pourrait faire les frais des nouvelles orientations du gouvernement Macron. Le dispositif sera évalué. A terme, le tiers payant pourrait devenir facultatif, c'est-à-dire selon le bon vouloir des médecins.

Tiers payant "généralisable" plutôt que généralisé

Dans une interview accordée au journal Le Parisien mercredi 7 juin, le Premier ministre Edouard Philippe a affirmé que la réforme du tiers payant généralisé sera évaluée. Se déclarant peu favorable à cette mesure phare du gouvernement précédent, il a estimé qu'elle "va dans le sens d'une forme de dématérialisation de ce que représente le coût de la santé". Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé être partisan d'un dispositif d'avance de frais "généralisable", à savoir facultatif, et non plus généralisé.

Tiers payant facultatif ?

La généralisation du tiers payant fut la grande réforme engagée par l'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine. Inscrite dans la loi de modernisation du système de santé, cette mesure se met en place progressivement. Initiée en juillet 2016, elle doit être obligatoirement appliquée à tous les assurés à compter du 1er décembre 2017. Le tiers payant généralisé devait initialement être intégral, et permettre à chaque assuré à jour avec sa carte Vitale et avec sa complémentaire santé d'être dispensé de l'avance de frais chez son médecin. L'exonération n'est finalement que partielle, puisqu'en janvier 2016 le Conseil Constitutionnel a invalidé l'obligation de tiers payant sur la part remboursée par les mutuelles. La loi ne prévoit aucun sanction pour les médecins qui refusent d'appliquer le tiers payant.

Les propos du Premier ministre font écho à la grogne des syndicats de médecins libéraux. Dès les débats parlementaires sur le tiers payant généralisé, ils étaient descendu dans la rue pour manifester contre cette "fausse bonne idée généreuse" qui déresponsabilise les assurés et pour dénoncer une bureaucratisation de leur profession.