Travailler plus longtemps, est-ce toujours une bonne solution ?

Travailler plus longtemps, est-ce toujours une bonne solution ?

Travailler plus pour gagner plus ! Dite alors dans un autre contexte, la phrase de l'ex-président Sarkozy fait aujourd'hui écho aux préoccupations des seniors à propos de leur retraite et du niveau de ressources qu'ils pourront maintenir une fois sortis de la vie professionnelle. Continuer à travailler au-delà de l'âge légal du départ à la retraite est-il pertinent pour augmenter sa future pension ?

Atteindre le taux plein : la difficile équation

Le montant de la pension est composé de la pension de base versée par l'Assurance retraite, équivalente à 50% du salaire annuel moyen, et de la retraite complémentaire (Arrco et Agirc). Pour tous ceux qui sont nés à partir de 1955, l'âge légal de départ en retraite est de 62 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein par le régime général, la condition sine qua non étant d'avoir totalisé un nombre suffisant de trimestres tout au long de sa carrière. Sinon, la retraite de base sera minorée. 

Le niveau de la pension dépend de 3 facteurs :

  • le revenu des 25 meilleures années
  • le taux de liquidation (50% au maximum)
  • le nombre de trimestres d'assurance validés dans le régime par rapport au nombre de trimestres requis (entre 160 et 172 suivant l'année de naissance).

pension de base = revenu annuel moyen x taux x durée d'assurance / durée requise

Le nombre de trimestres requis dépend de la date de naissance. A moins d'avoir travaillé le plus tôt possible et sans discontinuer, il est difficile de pouvoir partir à taux plein, d'autant qu'on ne peut engranger au maximum que 4 trimestres par an même si on a exercé deux activités professionnelles en même temps.

En cas de départ à l'âge légal sans avoir validé un nombre de trimestres suffisant, la décote sera calculée ainsi :

  • soit en fonction des trimestres requis pour obtenir le taux maximum
  • soit en fonction des trimestres nécessaires pour arriver jusqu'à l'âge d'obtention automatique du taux plein.

Le calcul le moins pénalisant sera retenu. Le taux de minoration est de 0,65% par trimestre manquant, appliqué au plus à 20 trimestres.

Exemple :

une personne née en 1956 veut partir à la retraite en 2018. Elle totalise 160 trimestres et doit en cumuler 166 pour bénéficier du taux plein :

  • il lui manque 6 trimestres pour obtenir une retraite à taux plein
  • le taux plein automatique s'obtient à 67 ans pour les salariés nés en 1956, soit 20 trimestres manquants dans notre cas. 

La première option sera retenue. 

Rachat de trimestres : une solution onéreuse

Pour partir à la retraite plus tôt ou pour compléter des trimestres manquants, vous pouvez racheter des trimestres, dans la limite de 12, dès lors que vous avez entre 20 et 66 ans, au titre des années d'études supérieures validées par un diplôme et des années civiles d'affiliation validées par moins de 4 trimestres. Le coût des trimestres rachetés dépend de 3 paramètres :

  1. l'âge au moment où vous les rachetez : plus vous êtes jeune, moins le coût est élevé.
  2. votre revenu moyen des 3 dernières années : le coût est d'autant plus onéreux que votre revenu est élevé. Le montant est déductible de vos impôts.
  3. l'option de rachat : augmenter le taux de liquidation pour oblitérer la décote ou réduire la décote et augmenter la durée de cotisation.

La seconde option est la plus onéreuse, mais elle permet d'accroître la pension en agissant sur 2 paramètres (taux + durée de cotisation).

Surcote : gonfler sa retraite en travaillant au-delà de l'âge légal

Si vous avez atteint l'âge minimum pour partir à la retraite à taux plein, vous pouvez décider de continuer à travailler pour majorer votre future pension. Votre retraite bénéficiera alors d'une surcote équivalente à 1,25% par trimestre calendaire travaillé au-delà de la durée requise de cotisation et de l'âge minimal de la retraite (0,75% pour les professions libérales). Le compte est bon : vous pouvez booster votre retraite de 5% en plus par année travaillée au-delà de l'âge légal.

Contrairement à la décote limitée à 20 trimestres, la surcote n'est pas plafonnée, et elle est viagère, c'est-à-dire versée jusqu'au décès. Vous bénéficiez en outre de points supplémentaires sur votre retraite complémentaire. La surcote est cumulable avec la majoration de 10% accordée aux salariés qui ont eu ou élevé au moins 3 enfants. Elle est calculée sur le montant de la retraite de base majorée de 10%. 

Malus de 10% sur les retraites complémentaires

A compter de janvier 2019, les retraites complémentaires Agirc et Arrco seront minorées de 10% durant 3 ans (et jusqu'à 67 ans maximum) pour toutes les personnes nées en 1957 ou après qui choisiront de faire valoir leurs droits à la retraite dès qu'elles auront atteint le taux plein. Pour échapper au malus, vous avez 2 solutions :

  1. travailler un an de plus (+4 trimestres civils), ce qui va engendrer automatiquement une surcote de 5% de la pension de base et des points additionnels pour la retraite complémentaire ;
  2. ne pas attendre le taux plein pour faire valoir vos droits.

Il conviendra d'arbitrer par un calcul sur chacune de ces deux options.

Cumul emploi retraite : booster ses revenus sans acquérir de nouveaux droits

Si vous en avez l'envie et l'énergie, pourquoi ne pas augmenter votre retraite en reprenant une activité professionnelle ? Tous les retraités du régime général peuvent cumuler leur retraite avec un revenu d'activité professionnelle. Selon votre situation, le cumul est intégral ou plafonné.

Le cumul intégral est possible :

  • à partir de l'âge d'obtention de la retraite à taux plein
  • ou dès que vous avez à la fois l’âge légal de départ à la retraite et la durée d’assurance nécessaire pour obtenir une retraite à taux maximum.

Si vous ne remplissez pas ces conditions, votre retraite et vos revenus d'activité sont plafonnés ; en cas de dépassement, le montant de votre retraite sera diminué. Vous retrouvez vos pleins droits une fois que vous cessez votre activité.

Si votre retraite de base est attribuée à partir du 1er janvier 2015, les activités exercées pendant votre retraite ne vous permettent pas d'acquérir de nouveaux droits à la retraite.



Hervé Labatut

Par , le mardi 20 novembre 2018

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