Mutuelle santé : les lunettes moins bien remboursées à partir de 2015.
Le reste à charge peut être partiellement couvert par la mutuelle, le montant du remboursement corrélé au niveau de garantie souscrit. Pour diminuer le coût de l'optique, le gouvernement envisage de plafonner les remboursements par les organismes complémentaires. En limitant les seuils de remboursement, il espère faire baisser le prix des lunettes.
Optique trop chère
Le problème de la cherté de l'optique est en effet pervers. Trop d'opticiens, donc un marché très dilué qui oblige chacun a augmenter ses marges. En 10 ans, le nombre d'opticiens a grossi de 50%. Difficile dès lors de se partager un gâteau pas suffisamment copieux pour nourrir tout le monde. Un opticien vend en moyenne 3 paires de lunettes par jour (chiffres de la Cour des Comptes), il se rattrape donc sur les marges. En France, le coût moyen d'une paire de lunettes est estimé à 470€, deux fois plus qu'en Allemagne ou en Italie. Et quand la prise en charge par le régime général est réduite à la portion congrue (entre 4,44€ et 31,14€ par monture), le rôle des mutuelles dans le remboursement de l'optique devient indispensable.
Face à la cherté des lunettes (et des verres correcteurs), les mutuelles ont relevé et relèvent régulièrement leurs seuils de remboursement pour attirer la clientèle. Les opticiens profitent alors du mouvement pour orienter le choix de l'assuré. Qui ne s'est pas entendu demander par l'opticien le montant de son forfait lunettes pour l'utiliser en totalité, même si un produit moins onéreux convient ? C'est le chat qui se mort la queue.
Plafonner les forfaits optique des mutuelles
Pour couper court à ce cercle vicieux, le gouvernement souhaite imposer aux mutuelles des plafonds de remboursement, mesure qui devrait, selon lui, inciter les opticiens à baisser leurs propres tarifs. Un décret est en préparation. Il prévoit des tarifs dégressifs sur trois ans : à compter de 2015, les remboursements sur les verres simples seront plafonnés à 350€, avec une diminution graduelle de 50€ par an pour atteindre 200€ en 2018 ; les verres complexes bénéficieront du seuil de 600€, ramené à 400€ en 2018. Le remboursement des montures reste fixe à 100€. Autre restriction donnée aux mutuelles, une seule paire de lunettes remboursée tous les deux ans, sauf pour les enfants et en cas d'évolution de la vue.
Les organismes complémentaires devront respecter ces règles pour bénéficier d'une fiscalité plus favorable liée aux contrats solidaires et responsables. Libre à eux de commercialiser d'autres types de contrats avec des forfaits plus généreux, au risque d'être plus lourdement taxés. Qu'en pensent les acteurs du secteur ? A la Mutualité Française, on estime que les plafonds sont trop élevés pour les verres complexes. L'organisme qui fédère 56% des complémentaires santé compare en outre le système de dégressivité à "une usine à gaz". Pour le réseau Santéclair, le rythme de baisse est trop brutal et le seuil de 100€ pour une monture trop faible. La solution se trouve peut-être du côté des réseaux de soins qui mettent en place de tarifs négociés entre assureurs et opticiens partenaires. La loi Le Roux autorise depuis peu les mutuelles à pratiquer la différenciation tarifaire aux clients qui choisissent un opticien adhérent à leur réseau.

Par Francesco Romanello, le jeudi 27 mars 2014