Mutuelle: très chère santé.

Voilà ce qu'il ressort d'un sondage réalisé par le cabinet Deloitte Conseil en mai dernier. Publié cette semaine, ce sondage est cependant un réquisitoire contre la politique actuelle en matière de santé. Alors que les candidats à l'élection présidentielle ont choisi d'autres priorités de campagne, la santé est au coeur des préoccupations des Français. Le renchérissement des soins et l'accès de plus en plus réduit à des garanties complémentaires sont deux réalités tangibles aux quelles doit faire face un nombre croissant d'assurés.

L'évaluation du système de santé par nos compatriotes est très critique. Tout en reconnaissant la qualité des soins et le niveau technique des professionnels et des hôpitaux, 4 personnes sur 10 déplorent la dégradation de l'efficacité des services de santé. Un constat qui porte sur les 5 années passées du mandat Sarkozy. Si les délais d'attente pour avoir accès à un praticien pénalisent la moitié des sondés, la même proportion s'inquiète des difficultés financières à boucler son budget santé. 57% déclarent "avoir atteint ou dépassé leur limite budgétaire" consacrées aux cotisations complémentaires.

Les primes des complémentaires santé augmentent d'année en année

Pour les assureurs, l'information est importante. La hausse moyenne pour 2012 devrait atteindre au bas mot 5% après celle en 2011 déjà de 7%. Remettons en perspective les résultats de ce sondage réalisé en mai 2011 avant la mise en place du doublement de la taxe sur les contrats de santé. Si on interrogeait aujourd'hui les assurés, il a fort à parier que beaucoup gagneraient les rangs les mécontents.

Le renchérissement des assurances de santé rend par ailleurs les Français moins disposés aux principes de mutualisation et de solidarité intergénérationnelle. On mesure bien ici le refus pour beaucoup de payer pour des garanties qui ne correspondent à leurs besoins réels. La segmentation accrue des contrats de santé est la réponse des assureurs. Le développement des formules à la carte s'est précisé dernièrement, les assurés privilégient les postes de santé indispensables, quittes à réduire leur couverture globale. La tendance d'un ciblage des besoins de chacun devrait s'affiner, puisque le désengagement du système général engendre un basculement vers les organismes complémentaires. Une voie toute tracée pour une médecine à deux vitesses.

L'accès aux soins est d'ailleurs une notion à laquelle les Français ont particulièrement attachés. L'immense majorité des personnes interrogées (84,2%) dit accorder une grande importance à son amélioration dans le choix de leur candidat à la future élection présidentielle. A bon entendeur,….



Audrey Benzaquen

Par , le jeudi 19 janvier 2012

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