Santé : les étudiants renoncent à se soigner.

Quand on est jeune, on est en bonne santé, et les quelques excès occasionnels sont le reflet d'une vie insouciante où les contingences de la vie d'adulte restent encore bien éloignées. Les préjugés sur les étudiants sont tenaces. Chaque année les associations d'étudiants alarment les pouvoirs publics sur leur santé, et mettent en garde contre une dégradation de leurs conditions de vie. La Mutualité Française et la LMDE, la mutuelle des étudiants, ont réalisé une enquête nationale auprès de 8 500 jeunes et dressé un portrait nuancé de la vie d'un étudiant.

Le constat est amer : de plus en plus d'étudiants renoncent à se soigner pour des raisons financières. Selon l'enquête, 34% des étudiants ne peuvent pas faire face aux dépenses de santé et y sont obligés pour donner la priorité au logement. La proportion était de 24% en 2008, le nombre d'étudiants incapables de faire face aux dépenses médicales s'est accru, et le problème n'est plus seulement contenu aux seuls soins onéreux : désormais l'accès à un généraliste, à un gynécologue ou aux médicaments devient impossible pour certains.

En cause, le budget très limité dont dispose la moitié des 2,3 millions d'étudiants : moins de 400€ par mois pour se loger, se nourrir, payer ses études et se soigner. Le choix se porte sans surprise sur le logement au détriment de la santé. Le renoncement aux soins est renforcé par l'absence de mutuelle : près de 20% des étudiants n'en bénéficient pas, soit une proportion trois fois supérieure à la population générale. Cette situation inquiète la LMDE qui pointe du doigt une crise sanitaire à venir : si l'on ne préserve pas la santé des jeunes, on devra faire face aux maladies chroniques tels le diabète ou les affections cardio-vasculaires.

La mutuelle réclame depuis longtemps la mise en place d'un chèque santé pour les étudiants, prenant en charge le coût d'une complémentaire, ainsi qu'une suppression des taxes sur les mutuelles étudiants. Elle souhaiterait également la création de centres de santé de proximité sur chaque campus universitaire, ce qui faciliterait l'accès aux soins au plus grand nombre en évitant les dépassements d'honoraires et en appliquant le tiers-payant.

Rappelons que les étudiants sous certaines conditions peuvent bénéficier de la CMU C, la couverture maladie universelle complémentaire, ou de l'ACS, l'aide à la complémentaire santé.



Francesco Romanello

Par , le jeudi 24 mai 2012

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