Santé : les résultats de l'Observatoire de l'égalité d'accès aux soins.
Dans un contexte délicat pour le gouvernement, contraint à réduire le déficit abyssal de la Sécurité Sociale tout en préservant notre régime de santé basé sur la solidarité, la Fédération Hospitalière de France dévoile les résultats d'un sondage réalisé par l'institut Ipsos concernant les Français et leur système de santé. Premier constat, les Français sont attachés à ce service public ; ce n'est pas une surprise, mais c'est la raison qui les pousse à exprimer leurs inquiétudes quant à son maintien, son mode de financement, mais aussi à l'accès aux soins pour tous.
Le meilleur système de santé au monde !
L'attachement profond des Français à leur système de santé est le premier enseignement de ce sondage réalisé par Ipsos pour al FHF (qui regroupe l'ensemble des établissements hospitaliers publics). Un système qu'ils considèrent comme étant l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur au monde. Le lien est fait avec les hôpitaux publics, au coeur de ce système, pour offrir des soins de qualité, accessibles à tous sans discrimination. Un constat élogieux à la hauteur des inquiétudes des sondés vis-à-vis de la préservation de ce système, car des signes de dégradation sont déjà ressentis : conditions de financement du système de santé, engorgement des hôpitaux publics, pénurie de médecins et problèmes d'égalité d'accès aux soins.
Renoncement aux soins et inégalité de traitement
Sur ce point précisément, près d'un Français sur deux a dû renoncer à des soins ou à une consultation en raison du coût (67% pour les revenus de moins de 1500€/mois). Le questionnement porte sur la pérennisation d'un système dont le financement pose de graves problèmes depuis des années. L'ensemble des personnes interrogées estiment que l'augmentation du reste à charge pour les patients est de nature à menacer notre système de santé. Les fraudes et les abus, la crise économique, la mauvaise répartition des médecins sur le territoire, mais aussi les problèmes d'égalité d'accès aux soins sont les autres éléments qui le mettent en péril. Les jeunes et les personnes à faibles revenus perçoivent par ailleurs plus nettement cette inégalité d'accès aux soins. Le sentiment d'équité s'agissant du traitement des patients est minoritaire (42%), tandis que la majorité estime que l'argent permet de bien se faire soigner (92%). 52% des bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) ressentent une moins bonne prise en charge de leur santé que d'autres patients.
Le sondage porte également un regard sur le secteur public et le secteur privé. Si l'égalité d'accès est garantie dans le public, la perception de sélection par les cliniques privées est bien réelle : 68% des personnes considèrent qu'il y a sélection des patients par les cliniques privées (76% en Ile-de-France). 82% des sondés pensent que l'Etat ne devrait plus financer les établissements privés ne respectant par les principes du service public.
Faire évoluer l'offre de soins
L'Etat se retrouve lui-même sous le feu des critiques : les prochaines mesures du gouvernement pour réduire les dépenses de santé ne vont pas s'attaquer au problème pour 53% des sondés, elles sont même une menace pour 30%. En dehors de la consultation médicale via le net (64% des personnes y sont réfractaires), les Français semblent pourtant ouverts à l'évolution de l'offre de soins : 79% pour que les équipes médicales se regroupent en centres spécialisés, 62% pour l'hospitalisation à domicile, 83% pour un déplacement des équipes médicales dans les zones mal desservies et 40% pour les soins ambulatoires.

Par Francesco Romanello, le jeudi 12 juin 2014