Complémentaire santé : son accès reste inégalitaire.

Notre système de santé est souvent cité comme exemple par d'autres pays et les Français, dans leur grande majorité, en sont satisfaits, malgré une hausse continuelle du reste à charge. Pour compenser justement le désengagement de l'Etat dans de nombreux postes de santé, souscrire une complémentaire santé est devenu indispensable, mais trop de ménages n'y ont toujours pas accès à cause des coût s supplémentaires que cela engendre. Avec la loi Hôpital Patient Santé Territoire (HPST), la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, soutient que l'accès à des soins de qualité sur tout le territoire sera améliorée grâce à une meilleure répartition des médecins. L'accès aux soins pour tous n'est pas seulement une affaire de géographie. Le coût de la santé a considérablement augmenté depuis 10 ans et le retrait progressif de la Sécurité Sociale creuse encore plus les inégalités.

Le principal frein à la souscription d'une complémentaire santé est financier : les difficultés de premier ordre sont l'augmentation du reste à charge et l'accroissement des dépassements d'honoraires. Depuis la loi d'août 2004, et la diminution de la participation de l'Assurance Maladie obligatoire aux dépenses de santé, la contribution des assurés sociaux n'a cessé de croître par le biais des franchises médicales, du forfait sur tous les actes (1€), de l'augmentation du forfait hospitalier, du déremboursement de nombreux médicaments et de l'amende en cas de non respect du parcours forfaitaire. Entre 2004 et 2008, la Cour des Comptes chiffre à plus de 3,284 milliards d'euros les transferts de charge de l'Assurance Maladie obligatoire vers les ménages ; depuis le 1er janvier 2009, le taux de remboursement est passé de 60% à 30%. Pour répondre à la demande des assurés et améliorer leur couverture santé, les complémentaires et mutuelles n'ont pas d'autres alternatives que d'augmenter leurs cotisations. Même si elle n'est pas obligatoire, la souscription à une couverture complémentaire est un élément déterminant à l'accès aux soins, mais de nombreuses personnes ne peuvent y recourir du fait de son coût.

Le nombre de personnes ne bénéficiant pas de complémentaire santé est évalué à 5 millions soit 8% de la population. Les bénéficiaires de la CMUC (couverture maladie universelle complémentaire) seraient 4,8 millions et ceux qui ont droit à l'aide à la complémentaire santé sont au nombre de 275 000. Les titulaires de la CMU voient leurs frais médicaux totalement pris en charge ; en revanche, les prestations de la CMUC, dont l'accès est limité par la plafond de revenus compris entre 606€ et 727€, sont très insuffisantes (entre 100€ et 400€) au regard du tarif d'une complémentaire qui atteint plus généralement le double.

Autres exclus des complémentaires santé : les étudiants et les chômeurs. Les étudiants sont encore 9% à n'avoir aucune couverture complémentaire et un sur quatre déclare avoir renoncé à un soin pour des raisons financières. L'information semble être le point faible, puisque 25% des étudiants boursiers pourraient bénéficier de la CMU. Les chômeurs, pour des raisons qui semblent évidentes, se retrouvent vite exclus du système de couverture complémentaire et cette situation engendre un retard de diagnostics et de prise en charge des malades qui ne fera qu'aggraver les dépenses de santé ultérieures.

Pour plus d'égalité d'accès aux soins, il faut réformer en profondeur notre système de santé et trouver un mode de régulation pour utiliser l'argent public de manière optimale. Ceci implique, entre autres, l'adhésion des médecins et l'acceptation par ces derniers de la mise en place de mesures égalitaires : pratique du tiers payant, moins de liberté d'installation, et changement du mode de rémunération pour être compatible avec la collectivité.



Partager cet article :